La Coopérative écologiste a-t-elle un avenir ?

La construction de la coopérative est l'un des thèmes de travail des journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts à Clermont-Ferrand.
La construction de la coopérative est l'un des thèmes de travail des journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts à Clermont-Ferrand. © Maxppp
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Les journées d’été d'EELV doivent lancer la Coopérative écologiste, un engagement "à la carte".

 Les Journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts se sont ouvertes jeudi à l'université de Clermont-Ferrand. Trois jours de débats pour lancer la campagne présidentielle d'Eva Joly, mais aussi pour tenter de donner son envol à la Coopérative, la structure militante ardemment défendue par Daniel Cohn-Bendit. Ce réseau coopératif regroupant les non-adhérents, vise à rassembler et à faire participer les citoyens qui refusent d'être encartés dans le parti écologiste. Gadget ou réel espace de débat, Europe1.fr fait le point sur un outil d'engagement inédit dans le paysage politique français.

Doucement mais sûrement

L'idée prend racine à l'été 2010, au moment où le rassemblement écologiste prend forme. En novembre de la même année, lors des assises constituantes de Lyon, qui ont vu la naissance d'EELV, le principe est acté dans les statuts du nouveau parti. Sans aller plus loin toutefois.

Ce n'est que six mois plus tard, le 4 juin 2011, lors du premier congrès d'EELV à La Rochelle, que le parti s'engage réellement en adoptant une motion relative à la Coopérative."Les signataires de cette motion considèrent que l’espace ouvert par la création d’EELV ne pourra se concrétiser qu’à travers la construction d’une Coopérative écologiste", mentionne le document.

Un an plus tard, les journées d'été du parti doivent donner un nouvel (et ultime ?) élan à cette structure. Les coopérateurs vont en effet décider de la façon dont ils souhaitent s'organiser et des actions à mener dans les prochains mois.

Qui sont les coopérateurs ?

 

Il ressort des statuts que les coopérateurs font partie du mouvement mais pas du parti, et peuvent sous certaines conditions appartenir à une autre organisation politique. Ils doivent notamment s'acquitter d'une cotisation annuelle fixée pour le moment à 10 euros, et ont besoin d'adhérer à la Charte des valeurs, ainsi que la Charte des Verts mondiaux. Les coopérateurs sont par ailleurs parties prenantes des décisions locales ou régionales.  

Par ailleurs, les statuts ont clairement établi les choses. "La Coopérative doit être "distincte formellement et juridiquement du parti, dotée de moyens propres, agissant en liaison avec EELV mais de manière autonome dans la société".

"L'idée n'est pas de créer une manne citoyenne et clientéliste au service d'un parti", prévient d'emblée Marie Bové, élue EELV d'Aquitaine contactée par Europe1.fr. Chargée de faire le lien entre le parti et la Coopérative, la conseillère régionale, fille de José Bové, voit dans cet outil le moyen de "rompre un double isolement" : celui des mouvements citoyens et des partis politiques. La Coopérative devient donc cet espace de concertation qui permettra aux politiques de porter les propositions des mobilisations citoyennes.

A ce titre, les coopérateurs seront partie prenante du pacte écologique pour la présidentielle, qu'ils auront notamment le droit d'amender. Enfin, l'Agora, une assemblée du mouvement, servira de lieu de débat et de codécision entre coopérateurs et adhérents. 

 

Simple gadget, disent ses détracteurs

 

"Officiellement, tout le monde y tient beaucoup", observe, non sans une pointe d'ironie Daniel Boy, politologue spécialiste de l'écologie politique joint par Europe1.fr.

Officieusement, la coopérative n'est pas du goût de tous les écolos. Jean-Vincent Placé, l'un des ténors du parti, n'y accorde aucune importance. D'autres n'y sont pas hostiles, mais restent prudents. "C’est une idée intéressante si ce n’est pas quelque chose qui devient un lieu de pouvoir", estime le député EELV François de Rugy, pas complètement convaincu qu'à moins d'un an de la présidentielle une telle initiative soit judicieuse.

Mais à en croire Daniel Boy, la Coopérative, "un bricolage qui n’a pas beaucoup d’importance", n'aura de toute façon pas beaucoup de poids. "Ce ne sont pas eux (les coopérateurs) qui iront tracter", fait-il remarquer. "Ça fait un peu joli. Ça montre qu’on n’est pas fermé", conclut-il.

Un réseau appelé à se développer

Faux, rétorque Marie Bové. "La réalité, c'est qu'on est actuellement sur une base de 20.000 coopérateurs, c'est-à-dire plus que le nombre d'adhérents (environ 13.000)", souligne-elle. Un chiffre appelé à évoluer dans les prochains mois, explique l'élue régionale, qui mise sur un effet "boule de neige", grâce notamment, à l'utilisation du Web. Les coopérateurs - qui d'après la fille de José Bové viennent d'horizons très différents - auront donc bientôt leur propre site Internet.

Autre signe encourageant d'après Marie Bové, le nombre de participants jeudi à la première réunion plénière de la Coopérative. "700 personnes, sur les 1.400 présentes pour les journées d'été, soit une personne sur deux", se félicite-t-elle.

Ceux qui comme Marie Bové croient en l'avenir de la Coopérative ont une dernière raison de se réjouir. Après avoir boudé La Rochelle en juin dernier, Daniel Cohn-Bendit a décidé de faire le déplacement à Clermont-Ferrand. "Cette fois, il y a des débats qui m'intéressent", a justifié l'eurodéputé, citant notamment le débat "sur l'autonomie de la coopérative".