La candidature de Peillon, ou la fin du règne de la synthèse hollandienne au PS

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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Antonin André avec M.B. , modifié à
En se présentant à la primaire, l'ancien ministre de l'Éducation ouvre le jeu. Seule certitude : cela signe la fin de l'époque de la synthèse au Parti socialiste.

Les rumeurs l'annonçaient, lui l'a confirmé dimanche soir, sur France 2. Oui, Vincent Peillon, ancien ministre de l'Éducation retiré de la vie politique nationale depuis sa non-reconduction en 2014, professeur en histoire de la démocratie à l'université suisse de Neuchâtel, a décidé d'être candidat à la primaire de la gauche. Une décision qui remonte au 2 décembre dernier, lorsqu'il a découvert à la télévision que François Hollande décidait de ne pas se représenter.

La primaire Game of Thrones. Pourquoi lui, à qui personne ne pensait il y a un mois ? Parce qu'il ajoute au rassemblement l'éthique en politique : selon lui, c'est lui l'héritier légitime de François Hollande. Disant cela, Vincent Peillon vise évidemment Manuel Valls, le régicide. Depuis dix jours, l'ancien ministre de l'Éducation constate l'amertume des amis du président, qui reprochent à l'ex-Premier ministre d'avoir intrigué pour pousser le chef de l'État à lui transmettre le sceptre. Cette primaire de la gauche commence furieusement à ressembler à la série Game of Thrones : Manuel Valls n'attendait pas Vincent Peillon, il le croyait parti en exil sur des terres oubliées. Le voilà qui revient pour le démasquer et unifier tous les royaumes de la gauche.

Un jeu très ouvert. Reste à déterminer si Vincent Peillon a ses chances. Et force est de constater qu'il en a comme Arnaud Montebourg, Manuel Valls ou Benoît Hamon. Le jeu est très ouvert. Le député européen a quelques atouts : il n'a jamais dit du mal du président depuis son départ, alors même qu'il n'est pas parti il y a deux semaines mais il y a deux ans et demi. De cela, une partie des socialistes lui savent gré. Certains sont déçus par François Hollande et par son quinquennat, mais n'acceptent pas pour autant la déloyauté d'un Emmanuel Macron ou celle, moins manifeste, de Manuel Valls. Ils voteront donc Peillon.

La fin des éléphants. Est-ce que cela suffira ? Vincent Peillon part tard en campagne. Il n'a ni projet, ni organisation structurée derrière lui. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'avec cette nouvelle candidature tombe la confirmation de la fin d'une époque au Parti socialiste. Le règne de François Hollande et de la synthèse, de la marche des éléphants sous une seule bannière, ce règne qui dure depuis vingt ans est bel et bien terminé.