Hollande à Tanger : la brouille avec le Maroc est "dépassée"

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S.B. avec AFP , modifié à
Après un an de tensions diplomatiques, François Hollande a entamé samedi une visite de deux jours au Maroc. L'objectif ? Sceller la réconciliation entre les deux pays.

François Hollande a poursuivi dimanche à Tanger son offensive de charme pour renouer des relations sereines avec le Maroc et son roi Mohammed VI, affectées par une brouille de près d'un an. Celle-ci a été provoquée, notamment, par des dépôts de plaintes, en France, pour "torture", visant le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi. La brouille avec le Maroc est "dépassée", a notamment affirmé le président français. Les difficultés entre les deux pays "sont non seulement effacées, surmontées mais surtout dépassées", a-t-il poursuivi. S'adressant à la communauté française au consulat, le président français a aussi affirmé avoir "ouvert" avec Mohammed VI "une nouvelle étape" du partenariat franco-marocain. 

Le Maroc et la France, unis contre le terrorisme. Évoquant cette fois la politique sécuritaire, François Hollande a assuré que "la coopération (entre la France et le Maroc) n'a jamais cessé" et que "rien ne pourrait l'altérer". Car, a-t-il précisé, les deux pays sont "confrontés aux mêmes défis" dans la lutte contre le terrorisme, notamment du groupe djihadiste Etat islamique. Les deux pays, qui ont durci récemment leur arsenal législatif anti-terroriste, ont par ailleurs décidé d'unir leurs efforts pour la formation d'imams à l'Institut Mohammed VI, ouvert en mars à Rabat. Une déclaration conjointe a été signée samedi pour stipuler que cette formation devra promouvoir "un islam du juste milieu" conforme aux "valeurs d'ouverture et de tolérance" mais aussi "pleinement ancré dans les valeurs de la République et de la laïcité".

Appel sur le climat. Les deux chefs de l'Etat devaient signer dimanche un "Appel de Tanger" pour "la réussite" de la prochaine conférence climat (COP21) qui se tient à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre. Il s'agit de "permettre au Maroc d'être exemplaire et à la France d'être performante", a résumé M. Hollande. 

Le Maroc, qui doit organiser la COP22 en 2016 à Marrakech, fait figure de bon élève dans ce domaine. Il est le premier pays du Maghreb à avoir remis sa contribution pour la Conférence de Paris, avec l'objectif de passer à 42% d'énergies renouvelables d'ici à 2020 et de réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 2010.

Une visite sur fond de critiques. En dépit de ces bonnes intentions, la visite de François Hollande se déroule sous le feu de critiques d'organisations de défense des Droits de l'Homme et de la liberté de la presse. L'association Reporters sans frontières (RSF), notamment, a dénoncé des atteintes à "la liberté d'information" au Maroc, alors que d'autres se sont insurgés de la prochaine remise des insignes d'officier de la Légion d'honneur à M. Hammouchi, comme l'a promis le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en récompense du rôle du chef de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), dans la lutte contre le terrorisme.