L'UMP se cherche (encore) un chef

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ANALYSE - Le mariage gay a divisé l’UMP. Désormais, Copé est au centre des critiques.

"Copé est un problème, y compris dans son camp". La sentence est signée Harlem Désir, patron du PS, mais elle aurait tout aussi bien pu émaner de l’UMP. En marchant dans les pas des opposants au mariage pour tous, dimanche, Jean-François Copé a en effet profondément divisé son parti. Vouloir surfer sur ce mouvement pour les municipales de 2014 n’a pas arrangé les choses. Lundi matin, certains ont la gueule de bois.

bernard accoyer

"Trop de désordre en ce moment". L’UMP, depuis un an, n’a de cesse de pourfendre l’absence de cap de François Hollande. Ironie de l’histoire, c’est ce que reproche désormais Bernard Accoyer à "son" président. L’ancien président de l’Assemblée nationale a ainsi fustigé sur LCI "un problème de gouvernance. C'est-à-dire qu'on ne connaît pas le cap précis", et que "la voix de l'UMP est quelque peu balkanisée". Une balkanisation qui s’explique : la guerre des chefs de l’hiver dernier a contraint Jean-François Copé à faire entrer dans les instances des proches de François Fillon. Depuis, deux lignes politiques coexistent. D’où cette impression de flottement.

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Laurent Wauquiez avait montré la voie dès dimanche soir, lors de l’émission BFM Politique (RMC/Le Point/BFMTV). L’ancien ministre - qui rêvait d’affronter Jean-François Copé au nom de François Fillon dans l’hypothèse, désormais improbable, d’un revote - a lui aussi jugé qu’il y a " trop de désordre en ce moment à l'UMP. La situation n'est pas satisfaisante pour les militants, pas satisfaisante pour les Français qui ont besoin d'une opposition qui ait des messages clairs", a asséné député de la Haute-Loire.

Benoist Apparu

Benoist Apparu, ancien ministre du Logement, juge quant à lui au micro d’Europe 1 que l’UMP est "encore en convalescence. C’est naturel. Le PS a mis 10 ans à s’en remettre avant de trouver un leadership. Chez nous, le culte du chef existe. Aujourd’hui, dans la tête des français, des journalistes, c’est Nicolas Sarkozy qui incarne le leadership à droite." Et pas Jean-François Copé, le message est passé.

Un remède, docteur ? Lundi, François Fillon et Jean-François Copé devraient, en fin d’après-midi, enterrer la hache de guerre. Les deux belligérants vont en effet se mettre d’accord sur l’abandon d’un nouveau scrutin, comme l’accord de sortie de crise le prévoyait pourtant. Les deux hommes veulent tourner cette page noire de l’histoire de l’UMP. Et se reconstruire, chacun de leur côté. Un premier pas.

Laurent Wauquiez

Insuffisant pour Bernard Accoyer. "Il convient qu'il y ait un bureau politique restreint en plus du bureau politique, qui fixe le cap après un débat ouvert", propose le député de Haute-Savoie, qui donne également un conseil à Jean-François Copé : "il faut qu'il occupe davantage un rôle de porte-parole d'une position qui doit être obligatoirement unitaire". Très critique, Laurent Wauquiez est plus avare en matière de propositions, se contentant de réclamer "un nouvel élan pour notre famille politique après les européennes, car on ne peut pas vivre avec une famille politique dans laquelle on a ce problème de ligne". Un nouveau vote à la présidence de l’UMP, donc ? "Ce serait ridicule parce que ce n'est pas la priorité des Français", tranche-t-il. 

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Les anciens s’inquiètent. Avant même la tenue de la manifestation de dimanche, Jean-Pierre Raffarin s’était déjà alarmé, sur France Inter, de "ce virus mortel qui menace l’UMP : la radicalisation." L’ancien Premier ministre se disait également "inquiet de voir que la culture du débat n'est pas vraiment quelque chose qui est dans la nature de l'UMP". Moins ciblée que celles de Laurent Wauquiez et Bernard Accoyer, la critique n’en vise pas moins Jean-François Copé, qu’il a pourtant soutenu dans la course à la présidence.

Vendredi dernier, Alain Juppé, premier président de l’UMP, s’écartait lui aussi de la ligne officielle du parti, jugeant que "multiplier les manifestations, au risque de voir des dérapages, ce n'est pas très opportun. C'est pourquoi je ne conseille pas de manifester". La droitisation le met à l’aise, lui comme beaucoup d’autres. "La seule chose qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que la tendance la plus à droite soit la seule à s'exprimer fortement", assurait-il. Qu'elle (la droite "très à droite", ndlr) soit dans le débat, d'accord, mais ce n'est pas ce qui doit faire la loi", a renchéri Bernard Accoyer. Des inquiétudes qui se multiplient, des élus dans le flou - "c’est quand même dingue que l’on en arrive là alors que l’on a presque tous voté contre la loi", ironise l’un d’eux pour Europe 1 -, une ligne politique à définir, des élections locales à préparer… l’UMP a du pain sur la planche.