L'UMP est-elle au bord de la faillite ?

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
ZOOM - Le rejet des comptes de campagne de Sarkozy plonge son parti dans le marasme.

Les comptages de campagne de Nicolas Sarkozy rejetés ? "Là, ce serait très compliqué pour l’UMP…", s’inquiétait Catherine Vautrin auprès d’Europe1.fr, il y a deux semaines. Le conditionnel n’est plus de rigueur et la trésorière de l’UMP se prépare à des nuits agitées. Jeudi, le Conseil constitutionnel a en effet privé l'ex-candidat UMP du remboursement par l'Etat de quelque dix millions d'euros de frais de campagne. Un gros coup dur pour son parti.

A l'UMP, la collecte est lancée. A peine remis du psychodrame hivernal entre Jean-François Copé et François Fillon, le principal parti d’opposition s’offre maintenant un été compliqué. Avec cette décision des Sages, l’UMP devra en effet se passer de 11 millions d’euros. Ses dernières défaites aux législatives l’avaient déjà amputé de 14 millions d’euros de dotations publiques. Au total, le découvert de l’UMP est désormais de 46 millions d’euros. En juillet 2012, pour faire tourner la boutique, 55 millions d’euros ont été empruntés aux banques, mais à une condition : un retour à l’équilibre en cinq ans. "Avec la perte de 11 millions d'euros sur lesquels on comptait, nous allons devoir renégocier avec les banques et étaler les remboursements après 2017", a expliqué un cadre de l'UMP au Monde.

Jean-François Copé, le président de l'UMP, a pris acte de la décision des "Sages" et précisé dans un communiqué lapidaire qu'il réunirait la semaine prochaine le bureau politique afin d'en examiner "toutes les conséquences". Un peu plus tard, le patron de l'UMP a lancé l'idée d'une "grande souscription nationale" auprès de ses militants et sympathisants. Rue de Vaugirard, au siège du parti, la panique n’est pas bien loin, comme l’a fait remarquer sur Twitter un journaliste de L’Express :

>> A LIRE AUSSI : L’UMP contrainte de compter ses sous

RTXN26U

"Ce n’est pas la catastrophe absolue". Catherine Vautrin (photo), trésorière du parti, est quant à elle injoignable. Dominique Dord, son prédécesseur, a accepté de répondre à Europe1.fr. "Ce n’est pas une décision inattendue, on savait qu’il y avait un risque. Ce n’est pas la catastrophe absolue non plus. Il va nous falloir trouver 2,5 millions d’euros de dépenses en moins chaque année, jusqu’en 2017. C’est compliqué, mais ce n’est pas la mer à boire non plus…" Et le député de la Savoie de rajouter, dans un sourire, "que c’est un bon exercice pour ceux, à l’UMP, qui veulent un jour diriger le pays. Ils vont devoir se frotter à l’exercice de rigueur budgétaire."

Un sou est un sou. Dominique Dord, puis Catherine Vautrin, n’avaient pas attendu cette décision des Sages pour initier une nouvelle politique dans leur parti, dont les effectifs ont fondu comme neige au soleil depuis un peu plus d’un an. Des économies sont réalisées à tous les niveaux : transports, organisations des réunions, communication. L’université d’été du parti a même été annulée. "Le bouquet de fleurs à l’accueil a été supprimé", nous racontait Catherine Vautrin en riant.

Dans les fédérations locales, qu’Europe1.fr avait sondées il y a deux semaines, on se serre encore un peu plus la ceinture. "Auparavant, l’UMP nous octroyait une dotation transports pour prendre en charge les déplacements de nos cadres à Paris. En 2012, elle était de 7.210 euros. En 2013, elle est supprimée", regrettait par exemple Dominique Pignatelli, trésorier de la fédération UMP du Bas Rhin, en poste depuis 2002. Un exemple parmi tant d’autres.

RTR3AI7F(1)

Une fête gâchée ? Samedi prochain, la Droite forte, motion majoritaire au sein de l’UMP, organise en Sologne sa première  "Fête de la violette", avec l'ambition d'en faire un rendez-vous annuel. Guillaume Peltier (photo) et Geoffroy Didier, les "deux gentils organisateurs", auraient souhaité un contexte plus porteur. Car la Droite forte, c’est aussi et surtout un rassemblement de sarko-nostalgiques, qui prêchent sans fard pour un retour du champion déchu. Cette réunion, comme celle des Amis de Sarkozy à Nice l’été dernier, c’est aussi un test grandeur nature de la popularité de l’absent-dont-tout-le-monde-parle-mais-qui-ne-parle-pas. Or, c’est  la situation financière critique de l’UMP qui sera sur toutes les lèvres.