L’imaginaire défilé anti-traité européen

Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Razzy Hammadi, Olivier Besancenot, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon ont tous comme point commun d'être opposé au traité européen de stabilité.
Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Razzy Hammadi, Olivier Besancenot, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon ont tous comme point commun d'être opposé au traité européen de stabilité. © MAXPPP
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Le pacte budgétaire réussit l’exploit de fédérer contre lui des personnalités aux antipodes. 

Si les opposants à la ratification du pacte budgétaire européen décidaient demain de défiler dans la rue, quelques images seraient pour le moins cocasses. Imaginez Olivier Besancenot et Nicolas Dupont-Aignan main dans la main, ou Marine Le Pen et Razzy Hammadi entonnant, complices comme jamais, les même slogans hostiles au Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro.

>> Traité européen, pour y voir plus clair

Evidemment, ce genre d’images est impossible en réalité. Mais le front anti-traité européen est bel et bien hétéroclite. Le texte fédère contre lui des personnalités aux sensibilités politiques diamétralement opposées. Europe1.fr a imaginé ce que donnerait, de gauche à droite, cet improbable défilé unitaire.

OLIVIER BESANCENOT 

 
Son slogan potentiel. "Défiler pour exister"

Ses arguments. "Il faut une opposition unitaire à la gauche du gouvernement, la plus large possible", assurait le 2 septembre dernier l’une des figures du NPA, qui compte sur cette mobilisation pour rebondir après des mois difficiles. "Il faut avoir la volonté de faire la jonction entre le débat et les difficultés concrètes des victimes de l'austérité". L’ex-candidat à la présidentielle se disait aussi "conscient qu'il y a une course de vitesse entre un non de gauche et un non raciste, nationaliste et souverainiste emmené par Marine Le Pen".

JEAN-LUC MELENCHON

 
Son slogan potentiel : "Non à la dérive ‘austéritaire’"

Ses arguments : "Ce traité est une quasi-constitutionnalisation de la politique économique libérale", disait le leader du Front de gauche dans Libération le 11 septembre dernier. "Il donne un caractère pérenne et contraignant à une vision technocratique de la gestion des affaires publiques, qui est typique des libéraux. Je ne peux approuver l’austérité. Comme républicain, je ne peux être pour un tel abandon de souveraineté populaire. Et comme Européen, je condamne cette évolution ‘austéritaire’ de l’Europe, c’est-à-dire l’austérité permanente imposée de façon autoritaire."

melenchon-bandeau

EVA JOLY 

Son slogan potentiel : "Non au traité Merkozy"

Ses arguments. "Le traité qu’on nous propose de voter est le traité Merkozy", jugeait le 22 août dernier dans Libération l’ex-candidate écologiste à la présidentielle. "Le petit ajout sur la croissance que François Hollande prétend avoir obtenu n’est pas à la mesure des enjeux. Je suis fédéraliste, mais en limitant le déficit structurel à 0,5% du PIB, on crée les conditions de notre propre récession."

RAZZY HAMMADI

Son slogan potentiel : "Ne pas ajouter de l’austérité à l’austérité"

Ses arguments. "Ma conviction profonde est que ce traité, comme les autres, se fracassera face au mur des réalités...", estimait le député, représentant de l’aile gauche du PS, dans le Monde le 21 août. "J'aime trop l'Europe pour pouvoir accepter un tel texte. Il ne fait qu'ajouter de l'austérité à l'austérité et fait appel aux recettes violentes et antidémocratiques des pactes précédents. Il faut aller plus loin sur le pacte de croissance et l'emploi.

NICOLAS DUPONT-AIGNAN 

Son slogan: "Notre règle d'or, la parole au peuple"

Ses arguments : "Ce nouveau traité va bien au-delà d'une simple règle d'or pour l'équilibre de nos budgets, il place le Parlement français sous la régence de la Commission de Bruxelles", dénonçait le président de debout la République le 4 septembre dernier en lançant sa campagne du non "Derrière ce traité, il y a l'abandon de la souveraineté budgétaire", a-t-il insisté.

aignan

MARINE LE PEN 

Son slogan potentiel : "Non au viol de la démocratie"

Ses arguments "Le PS et l'UMP refusent le débat ? Tant pis pour eux, nous le mènerons avec les Français !", a-t-elle promis le 14 septembre dernier lors d’une conférence de presse. "Nous exigeons un référendum, comme une immense majorité de Français. François Hollande n'a pas mandat pour violer ainsi la démocratie et les valeurs qui sont les nôtres. Il en va de notre souveraineté nationale (...). Le traité mettra la France sous tutelle budgétaire". "Les Français ne seront plus vraiment libres de l'utilisation de leurs impôts. Ce seront les choix dogmatiques de commissaires européens, ne dépendant pas du peuple mais de lobbies financiers, qui guideront la politique de la nation."