L'idée du "traité simplifié" de Sarkozy progresse

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Défendre sa proposition de "traité simplifié" pour sortir l'Union européenne de sa crise institutionnelle, tel était l'objectif de Nicolas Sarkozy en se rendant à Bruxelles mercredi. Visiblement, l'idée semble progresser. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a estimé qu'un "consensus" commençait à se former. La question de la Turquie s'est aussi invitée dans les entretiens. Le président français n'a pas changé d'avis sur son opposition à une entrée de la Turquie dans l'UE.

Nicolas Sarkozy a annoncé mercredi qu'il ne poserait la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à laquelle il s'oppose, qu'après la conclusion d'un accord sur les réformes institutionnelles. Pour la première visite d'un président français à la Commission européenne, le nouveau locataire de l'Elysée a passé en revue tous les dossiers d'actualité lors d'une conférence de presse commune avec le président de l'institution. "Je vois là un geste d'une grande signification, un geste pour l'Europe, un geste d'engagement constructif pour l'Europe", a déclaré José Manuel Barroso, un "ami" de Sarkozy dont il espère que "l'enthousiasme, l'énergie" se communiqueront à l'UE. Les deux hommes sont d'accord pour accorder la priorité absolue à l'adoption, lors du Conseil européen des 21 et 22 juin, d'un accord sur la réforme des institutions européennes afin de sortir l'Europe de la crise dans laquelle elle est plongée depuis le "non" français à la Constitution. "Je suis convaincu que l'Europe ne peut pas demeurer immobile, qu'on ne peut pas rester dans la situation de paralysie relative (..) dans laquelle nous nous trouvons", a expliqué Sarkozy en présentant son idée de traité simplifié. "Le traité simplifié, c'est la seule solution possible", a-t-il dit devant les journalistes et les membres de son gouvernement responsables de la politique étrangère de la France. "Ça ne peut pas être une nouvelle constitution". Nicolas Sarkozy, qui a proposé de faire ratifier par le Parlement français un traité ne reprenant que le volet institutionnel du projet de constitution ratifié par 18 pays membres de l'UE, a déclaré qu'il y avait "une marge de négociation de la part de la France pour trouver une solution". Ce texte comprendrait notamment les nouvelles règles de vote à la majorité qualifiée pour permettre de sortir du blocage sur l'immigration et la nomination d'un ministre des Affaires étrangères et d'un président stable du Conseil européen. Barroso a salué cette proposition de Sarkozy - "il est en train de nous aider tous à débloquer la question" - et a pris le risque d'annoncer qu'elle faisait pratiquement consensus alors que de nombreux pays ont émis au moins des réserves. Devant la priorité institutionnelle, tout s'efface pour l'instant, y compris la question de la Turquie. "Je ne pense pas que la Turquie ait sa place dans l'Union européenne, c'est une question sur laquelle je n'ai pas changé d'avis", a expliqué le président français. "Je n'ai en rien renoncé à mes convictions, nous aurons ce débat, ce débat il est, me semble-t-il, incontournable, la question est de savoir est-ce qu'on doit l'avoir maintenant, ou est-ce qu'on doit l'avoir plus tard. A l'évidence comme rien de définitif ne se produit aujourd'hui, il serait contre-productif de l'avoir aujourd'hui", a-t-il souligné. Il répond ainsi aux préoccupations de Barroso, qui s'est dit "pour la continuation des négociations avec la Turquie" et a demandé que l'on ne "surcharge pas notre agenda maintenant". A Paris, on laisse entendre que la France n'opposera pas son veto à l'ouverture, fin juin, de trois nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie, dans la mesure où il s'agirait d'un geste technique, la clôture des chapitres étant politique.