L'ex-ambassadeur se confie : "j'ai été traité de sale bougnoule"

L'ancien diplomate lors d'une rencontre avec François Hollande
L'ancien diplomate lors d'une rencontre avec François Hollande © MaxPPP
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et Julien Pearce , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Zaïr Kédadouche raconte à Europe 1 les discriminations et insultes qu'il dit avoir subies lors de sa carrière au ministère des Affaires étrangères.

LE TEMOIGNAGE. Tout a commencé très tôt, raconte Zaïr Kédadouche. L’ancien ambassadeur de France à Andorre a donné sa démission, agacé des remarques et insultes racistes. Zaïr Kedadouche, qui a adressé le 5 mars une lettre à François Hollande pour s’émouvoir de cette situation, s'est confié à Europe 1.

Dès le début. Selon lui, les premières brimades ont commencé lorsqu’il a "voulu être nommé comme consul général de France, il y a quelques années". "On m’a fait savoir que mon nom pouvait être gênant sur certains postes", raconte-t-il à Europe 1. Lorsqu’il demande à être affecté à Anvers, "on m’a fait comprendre que l’extrême-droite y était extrêmement présente et que cela pouvait gêner les relations avec la France". Il parle également de discours tenus par des supérieurs sur la communauté juive implantée dans la ville, soulignant qu’il "ne pouvait pas, de ce fait, être présent à Anvers".

Le règne du silence. Zaïr Kédadouche dénonce la politique du silence qui règne au Quai d’Orsay. L’ancien diplomate, lui-même, s’est tu pendant des années. "On fait sa carrière en fonction de sa réputation. On se tait pour faire carrière", dit-il avec amertume. "J’ai décidé de parler en quittant le Quai", continue-t-il.

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"Mon nom pouvait être gênant sur certains postes"par Europe1fr

"J’ai tout gardé", déclare l’ambassadeur démissionnaire, "toutes les traces écrites des entretiens que j’ai pu avoir avec une certaine élite française qui considère que l’administration du quai d’Orsay leur appartient". Avec ses origines modestes et son parcours de sportif de haut-niveau, Zaïr Kédadouche estime avoir été tenu à l’écart des meilleurs postes : "Ayant un parcours atypique, je n’étais pas fait pour cette maison".

De la faute de l’administration entière. Il met en cause sa hiérarchie, qui ne l’a jamais soutenu, déplore-t-il. "Comment pouvez-vous accepter que mon administration ne m’ait jamais soutenu quand j’ai été insulté de sale bougnoule, sale arabe, ‘retourne dans ton pays’, alors que je suis diplomate, représentant de la France à l’étranger !", se souvient-il. Aujourd’hui, Zaïr Kédadouche demande à être reçu par le président de la République, qui est sensible à sa situation, affirme l’ancien diplomate.

Romain Nadal, le porte-parole du Quai d'Orsay, affirme au contraire que "pendant toute la période où il a exercé au ministère des Affaires étrangères, il a toujours eu le soutien et l'écoute attentive de la haute hiérarchie du ministère". Le porte-parole continue : "A aucun moment, lorsque l'inspection a travaillé avec lui, il n'a fait état d'accusations de racisme et de xénophobie".

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