L'été sera-t-il chaud à l'Assemblée nationale ?

Si les députés ne se plaignent pas de la chaleur, certains critiquent en revanche le coût entraîné par la "coutume" vestimentaire.
Si les députés ne se plaignent pas de la chaleur, certains critiquent en revanche le coût entraîné par la "coutume" vestimentaire. © MaxPPP
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CHALEUR - L'arrivée des fortes chaleurs perturbera-t-elle le travail des élus ? Pas vraiment, quitte à faire grimper la facture de clim'.

L'été monte en puissance. Dès vendredi, les températures devraient dépasser les 30 degrés à Paris. Bonne nouvelle ? Pour les vacanciers, peut-être. Les travailleurs, en revanche, devront songer à revêtir leurs vêtements les plus légers pour ne pas suffoquer… Quand ils en ont l'autorisation ! Et c'est loin d'être le cas partout. À l'Assemblée, par exemple, on ne verra pas de députés en chemisette dans l'hémicycle. Tous devront opter pour le traditionnel duo chemise longue+cravate, quelle que soit la température extérieur.  Un problème ? Pour le travail des députés, pas vraiment. Pour le budget de l'Assemblée en revanche…

Tenue correcte exigée. Le règlement intérieur de l'Assemblée nationale se montre plutôt flou en la matière. Seule une "tenue correcte" est exigée avant de rentrer dans l'hémicycle. Mais dans les faits, les coutumes sont plus strictes. "Cela se traduit, pour les hommes, par le port de la cravate et d'une chemise longue", nous apprend-on au service presse. Et on ne rigole pas avec la coutume : si le député refuse de mettre sa cravate, les huissiers ne le laissent tout simplement pas rentrer. Ils en ont même plein les placards en cas d'oubli.

"Dans les couloirs, en revanche, c'est moins normé, puisque se côtoient élus, journalistes et personnel. C'est rare, mais il arrive que l'on aperçoive des députés en chemisette", complète le journaliste parlementaire Fernand Tavares. Dans son livre paru en 2001, Un ethnologue à l’Assemblée, l'anthropologue Marc Abélès raconte également qu’il a observé des assistants de gauche "déambuler sans cravate, et parfois même en jean sous le regard étonné des agents d’étage".

Pour les femmes, reconnait-on à l'Assemblée, la norme est moins stricte. "Rien n'est précisé", explique le service de presse. "Elles ne peuvent pas venir en mini-short, mais en chemisier, c'est jouable", détaille le journaliste Fernand Tavares.

L'hémicycle, "l'endroit le plus frais".  Quoi qu'il en soit, cette "dictature" du costume ne devrait pas perturber le travail des élus, même en période de fortes chaleurs. Et pour cause, en 1997, le président de l'Assemblée d'alors, Philippe Seguin, entreprend une révolution : faire installer une climatisation. Et en 2000, le toit en verre de l'hémicycle a été remplacé par une matière qui reflète moins la chaleur. "Depuis, l'hémicycle est l'endroit le plus frais de l'Assemblée. Du coup, les députés se plaignent très peu. On en voit quelques-uns, une fois à l'intérieur, dénouer leur nœud de cravates, Noël Mamère par exemple, mais c'est rare", raconte le journaliste parlementaire.

La température grimpe, la facture aussi. Si les députés ne se plaignent pas de la chaleur, certains critiquent en revanche le coût entraîné par une telle "coutume". Car garder le costume même en cas de forte chaleur fait grimper la facture de climatisation. En juin 2008, François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique, a même écrit au bureau de l’Assemblée une note demandant un assouplissement des normes pour l'été.

"Il faisait très chaud cet été-là et j’ai demandé, pour faire des économies de climatisation, si les députés pouvaient faire tomber cravate et veste, mais le président (Bernard Accoyer à l'époque) a jugé que la coutume méritait d’être maintenue", expliquait-il à Slate en 2012. Et selon le service presse de l'Assemblée, aucune mesure  n'est prévue pour changer la donne. À titre de d'information, la facture clim' de l'Assemblée s'est élevée à 0,97 million en 2013 et 1,05 million en 2012, contre 1,77 et 1,72 million pour la facture d'électricité sur toute l'année.