L'effet du CNE sur l'emploi plus limité qu'annoncé

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Administrator User , modifié à
Une étude du ministère de l'Emploi évalue le nombre de salariés embauchés en "contrat nouvelles embauches" entre 360.000 et 460.000 à fin 2006 pour près de 785.000 intentions d'embauche déclarées. Seuls 8% des chefs d'entreprise ayant embauché en CNE en mai 2006 disent qu'ils n'auraient pas embauché sur le poste de travail si le CNE n'avait pas existé.

L'effet du CNE sur l'emploi serait plus limité qu'attendu selon une étude du ministère de l'Emploi réalisée en octobre et novembre 2006 auprès des chefs d'entreprise ayant procédé à une déclaration unique d'embauche en CNE, CDI ou CDD de plus d'un mois en mai 2006. Seuls 8% des patrons ayant embauché en CNE en mai 2006 disent qu'ils n'auraient pas embauché sur le poste de travail si le CNE n'avait pas existé. "Plus de sept fois sur dix, les chefs d'entreprise déclarent qu'ils auraient embauché à la même date sous une autre forme de contrat", est-il précisé dans cette étude, la deuxième réalisée par le ministère de l'Emploi sur l'utilisation du CNE après celle de mars 2006.Soulignant que l'enquête ne permet pas de mesurer précisément les effets nets du CNE sur l'emploi, ses auteurs constatent que "le nombre de salariés en CNE à la fin 2006 apparaît près de deux fois plus faible que le total des flux d'embauche estimés sur 2005 et 2006 : de l'ordre de 360.000 à 460.000 salariés fin 2006, sur la base d'estimations très frustres, contre 785.000 intentions d'embauches recensées sur l'ensemble des deux années". Créé en août 2005 par le Premier ministre Dominique de Villepin, le CNE est un contrat à durée indéterminé, réservé aux entreprises employant jusqu'à vingt salariés, qui peut être rompu par l'employeur pendant deux ans. Le gouvernement qui en a fait une des pierres angulaires de sa politique de lutte contre le chômage a estimé qu'il devrait à terme représenter 700.000 embauches en année pleine et permettre 70.000 créations d'emplois chaque année. Selon l'étude, "les réponses (des chefs d'entreprise) suggèrent que "le CNE a permis d'accélérer les embauches dans les petites entreprises" et qu'il est utilisé "pour tester plus longtemps les salariés et se prémunir d'une éventuelle baisse d'activité". Ainsi, pour les salariés embauchés en mai 2006, 60% travaillent encore dans l'entreprise six mois après contre près de huit sur dix pour les CDI. Parmi les salariés embauchés en CNE au mois d'octobre 2005, sept sur dix travaillaient encore dans la même entreprise au bout de six mois et un sur deux au bout de douze mois. Sur un an, un sur quatre a démissionné et le quart restant a quitté l'entreprise à l'initiative de l'employeur ou d'un commun accord avec ce dernier. L'enquête permet aussi de mieux déterminer le profil des salariés embauchés en CNE qui sont plus souvent des hommes que ceux embauchés en CDI ou en CDD de plus d'un mois. Ils sont moins diplômés et ils travaillent plus souvent à temps complet. Plus jeunes que les salariés embauchés en CDI ou en intérim, ils sont en revanche un plus âgés que les salariés embauchés en CDD de plus d'un mois. "Cette situation intermédiaire entre CDI et CDD, se retrouve en terme de salaire : quatre salariés embauchés en CNE sur dix perçoivent un salaire d'embauche qui ne dépasse pas le Smic, contre trois sur dix de ceux embauchés en CDI et cinq sur dix de ceux embauchés en CDD", selon l'enquête.