L’Alsace symbolise la France du "non"

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Caroline Roux et , modifié à
EDITO - La victoire du "non" au référendum alsacien montre l’étendue du désarroi du pays.

La victoire du "non" dimanche lors du référendum sur le projet de fusion des collectivités territoriales en Alsace est une mauvaise nouvelle à plus d’un titre. D’abord parce que le projet rejeté par près de 56% des électeurs du Haut-Rhin, était cohérent dans un contexte de nécessaires économies. Ensuite, et surtout, parce que le résultat constitue une preuve de plus que le pays est enkysté, que le repli et le conservatisme l’emporte sur le souffle et le mouvement. Ou quand les habitants de Mulhouse ont peur de Strasbourg…

>>> Dans son édito politique, Caroline Roux analyse la signification de la victoire du non.

En quoi consistait le projet ? Ce référendum prévoyait de fusionner la collectivité régionale et les deux collectivités territoriales. Selon ses défenseurs, il aurait permis de dégager 20 millions d’économie par an sur le budget de trois collectivités. Mais l’Alsace gardera bien un Conseil régional, deux départements, deux préfectures et 11 sous-préfectures.  

Un agenda qui n'a pas aidé. Alors que la France traverse une crise politique d’une rare gravité, le référendum alsacien est tombé au pire moment, décrypte l'éditorialiste d'Europe 1 Caroline Roux. Difficile de mobiliser les citoyens quand ceux-ci craignent pour leur emploi ou ont du mal à boucler leurs fins de mois. Résultats : près de 64% d’abstention et un cocktail crise économie-crise politique sans surprise favorable aux forces de la  contestation, FN et Front de gauche, encore une fois main dans la main du côté du non. Le résultat est aussi une douche froide pour l’UMP, qui voulait faire de la seule région qu’elle conduit un moteur de la réforme, un laboratoire du changement. Raté !

Le peuple souverain et frondeur. A l’heure où de plus en plus de voix appellent à un ou plusieurs référendums à l’échelle nationale, ce résultat rappelle surtout que donner la parole aux Français n’est pas sans risques, rappelle Caroline Roux. De Gaulle en 1969 sur la régionalisation, Nicolas Sarkozy sur les institutions en Corse en 2003, ou encore Chirac en 2005 en ont fait l’amère expérience. Et dans un moment où la France se demande comment tout cela va se finir, il ne fallait pas s’attendre à un moment de démocratie apaisée. Le pays n’est pas dans la rue, mais il rumine sa colère. Et quand on lui tend un bulletin de vote, il répond par une gifle.