L'accès au travail des Roms assoupli

Le gouvernement a annoncé mercredi avoir décidé d'"assouplir les contraintes" pesant sur l'accès au travail des Roms, tout en soulignant que s'agissant des évacuations de campements illégaux, les "décisions de justice" continueraient d'être "appliquées".
Le gouvernement a annoncé mercredi avoir décidé d'"assouplir les contraintes" pesant sur l'accès au travail des Roms, tout en soulignant que s'agissant des évacuations de campements illégaux, les "décisions de justice" continueraient d'être "appliquées". © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
Le gouvernement a annoncé deux mesures en ce sens mais reste ferme sur les camps illégaux.

Sur ce dossier sensible, le gouvernement était très attendu. Il a finalement tranché. L'exécutif a annoncé mercredi avoir décidé d'"assouplir les contraintes" pesant sur l'accès au travail des Roms, tout en soulignant que pour les évacuations de campements illégaux, les "décisions de justice" continueraient d'être "appliquées".

Deux mesures pour l'accès au travail 

Cécile Duflot

Parmi les décisions pour améliorer la situation des Roms, figure celle de "faciliter l'insertion par le travail, en assouplissant très largement les contraintes qui pèsent aujourd'hui sur les populations Roms qui souhaitent travailler", a déclaré la ministre du Logement Cécile Duflot, à l'issue d'une réunion interministérielle à l'hôtel Matignon autour de Jean-Marc Ayrault.

Deux mesures concrètes ont été décidées : la taxe "due par les employeurs de ces personnes" à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) sera supprimée. La liste des métiers "auxquels ils peuvent avoir accès" sera par ailleurs élargie "de manière très importante".

Dans ce cadre, Matignon précise que "le gouvernement examinera, après discussions avec les États concernés (Roumanie, Bulgarie, ndlr), l'hypothèse d'une levée anticipée des mesures transitoires qui restreignent l'accès de Roms au marché du travail français, par rapport aux autres ressortissants communautaires". Ces mesures doivent s'appliquer jusqu'à fin 2013.

>> Lire notre analyse : "faut-il ouvrir le marché du travail aux Roms ?"

Bruxelles salue les annonces 

La Commission européenne s'est empressée de "saluer" les annonces du gouvernement français, tout en l'encourageant à "lever l'ensemble des restrictions encore en vigueur dès que possible". La Commission, qui avait exhorté Paris à prendre des mesures concrètes pour améliorer le sort des Roms, s'est par ailleurs déclarée "prête à soutenir le gouvernement français pour un meilleur encadrement des conditions dans lesquelles les camps sont démantelés".

"Nous félicitons l'état d'esprit très constructif du gouvernement français dans sa recherche de solutions adéquates, ainsi que sa volonté de coopérer avec la Commission et les autres Etats membres de l'Union européenne", a écrit le porte parole de la Commission, Olivier Bailly, dans un communiqué.

"Les décisions de justice continueront à être appliquées"

Un camp de Roms.

Sur l'évacuation des campements illégaux en revanche, le gouvernement reste ferme. Matignon affirme que les campements de Roms illégaux continueront à être démantelés dès lors qu'il y a "une décision de justice". Le gouvernement souligne que "ces opérations sont pleinement légitimes, dès lors qu'elles interviennent en application d'une décision de justice ou pour mettre fin à une situation de danger ou de risque sanitaire immédiat".

Sera par ailleurs mis à disposition des préfets un "support méthodologique" pour "la préparation et l'accompagnement des opérations d'évacuation".

Selon le gouvernement, ce dispositif "mettra notamment en avant les notions d'anticipation et d'individualisation des solutions pour qu'un travail coopératif soit engagé le plus en amont possible". "En matière d'hébergement et de logement, l'ensemble des outils existants est à mobiliser", toujours selon les services du Premier ministre.

"Nous recensons les terrains et locaux disponibles immédiatement dans les départements qui sont en premier lieu concernés : Seine-Saint-Denis, Paris, Nord, Rhône et Bouches-du-Rhône", avait indiqué la ministre du Logement Cécile Duflot vendredi dans LibérationL'objectif de ne pas évacuer de camps illégaux de Roms sans solutions de relogement, engagement de François Hollande durant la campagne présidentielle, "sera progressivement mis en œuvre, mais c'est difficile", avait dit avant elle le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

» Lire également : Martine Aubry demande des terrains à l’État

"Le PS fait croire que la France est un eldorado"

À droite, la réaction à ces mesures n'a pas tardé. "Avec les mesures annoncées aujourd'hui le message est clair : il y a du travail en France, il y a des logements pas chers, venez-vous installer en France. Une fois de plus, les socialistes veulent faire croire aux étrangers que la France est un eldorado et le faire payer aux Français", a raillé le député-maire de Nice Christian Estrosi dans un communiqué.

Ciotti estrosi

"C'est une décision à la fois incohérente et irresponsable sur le plan économique. Incohérente, car depuis le début de l'été le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait poursuivi la politique de démantèlement des camps de Roms qui avait été instaurée par Nicolas Sarkozy. En facilitant l'accès à l'emploi dans notre pays pour les Roms, le gouvernement ne fait qu'encourager la venue sur le territoire national de ces populations", a embrayé le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. Et ce dernier de poursuivre : "Irresponsable, car notre pays, alors que des millions de nos concitoyens sont sans emploi, est dans l'incapacité d'offrir du travail à des populations étrangères."