L'abbé Pierre inhumé dans une relative intimité

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Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, repose désormais auprès de ses plus anciens compagnons dans un carré du cimetière d'Esteville réservé aux "chiffonniers" d'Emmaüs. Près de 300 personnes ont assisté à son inhumation vendredi dans ce village de Seine-Maritime. Un peu plus tôt dans la journée, Jacques Chirac, le gouvernement et des milliers d'anonymes ont rendu un dernier hommage à l'abbé Pierre en la cathédrale Notre Dame de Paris. 2.500 personnes se sont rassemblées sur le parvis et ont applaudi au passage du cercueil. Le fondateur d'Emmaüs est mort lundi à Paris à l'âge de 94 ans.

"Ce n'est qu'un au revoir", c'est le chant que l'abbé Pierre voulait qu'on entonne avant qu'il soit enterré. Malgré tout, l'atmosphère s'est faite lourde, vendredi en fin de journée, à l'arrivée sur la place de l'église du cercueil, quelques heures après les funérailles de l'abbé Pierre et l'hommage national qui lui a été rendu à Notre Dame de Paris. Des autocars ont amené environ 130 membres de la famille Grouès et une centaine de compagnons d'Emmaüs qui ont entouré le cercueil, alors qu'approchait la petite centaine d'habitants du village d'Esteville, familiers de l'abbé qui y résida entre 1991 et 1999. Dans un coin du cimetière, un carré est réservé aux premiers compagnons d'Emmaüs. Aucune pierre tombale sur leurs sépultures. Seules des plaques gravées posées sur le mur proche rappellent leur patronyme. L'endroit réservé à l'abbé Pierre se niche entre la tombe de Lucie Cotaz, secrétaire de Henri Grouès et co-fondatrice d'Emmaüs, et celle de Charles Gilardeau, "chiffonnier d'Emmaüs". La cérémonie aura duré un peu plus d'une demi-heure et Esteville devient un lieu de mémoire. A la halte Emmaüs de ce village, la chambre de l'abbé Pierre est restée telle que celui-ci la quitta lorsqu'il séjourna ici pour la dernière fois, en décembre 2005, se souvient Nicole Ruault, responsable des lieux. Un lit bas recouvert d'un drap de coton blanc aux motifs marins, une table avec du papier à lettre nominatif et un testament manuscrit, une chaise et deux fauteuils, deux cannes, un parapluie et une soutane défraîchie. Aux murs, des étagères recouvertes de livres et de cassettes et une carte du monde où sont punaisées les diverses implantations d'Emmaüs. Actuellement, la halte d'Esteville sert d'étape pour des jeunes en difficulté. Le bâtiment pourrait devenir un lieu de mémoire dédié à celui qui fut pendant longtemps la personne la plus aimée des Français. Le maire du village, Roger Léger, s'y prépare : "Vu la personnalité de l'abbé Pierre, il est possible qu'Esteville devienne un lieu de pèlerinage". Avant la cérémonie à Esteville, l'abbé Pierre avait reçu un hommage national en la cathédrale Notre-Dame à Paris. La messe de funérailles, célébrée par Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, Mgr Philippe Barbarin, Primat des Gaules ou encore Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque émérite de Paris, a rassemblé des milliers de personnes. Une bonne partie des 3.000 chaises de la cathédrale était occupée par des compagnons d'Emmaüs, venus de toute la France et parfois de l'étranger. Selon le souhait des proches de l'Abbé Pierre, cette cérémonie leur était réservée en priorité. "Le véritable hommage sera de continuer son combat", a déclaré dans son message d'accueil Martin Hirsch, le président d'Emmaüs France.Le fondateur du Mouvement Emmaüs et défenseur des déshérités est mort lundi à Paris à l'âge de 94 ans. Considérée comme la personnalité préférée des Français durant de nombreuses années, sa disparition a suscité une vive émotion en France. Dans la seule journée de mercredi, 8.000 personnes se sont déplacées pour voir le cercueil fermé, exposé mercredi et jeudi dans la chapelle de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.