Justice sinistrée : "Bobigny ne peut pas attendre" affirme Urvoas

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas.
Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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avec AFP , modifié à
Des magistrats et avocats du tribunal de Bobigny ont lancé lundi un "appel" au gouvernement pour qu'il ne laisse pas "couler" le deuxième tribunal de France. 

"Bobigny ne peut pas attendre". Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a indiqué mardi vouloir prendre des mesures "rapides" et "visibles" pour répondre à la situation "spectaculaire" de la justice "en souffrance" en Seine-Saint-Denis. Des magistrats, avocats et fonctionnaires du tribunal de grande instance de Bobigny ont lancé lundi un "appel" au gouvernement pour qu'il ne laisse pas "couler" le deuxième tribunal de France. Interrogé à deux reprises au Sénat sur cette situation, le garde des Sceaux a expliqué que Bobigny était un exemple "accentué" de ce que vivent "beaucoup de juridictions françaises".

Des mesures rapides et visibles. Le ministre a indiqué avoir appelé mardi le bâtonnier de Bobigny et devoir rencontrer vendredi à la Chancellerie le président et la procureure du TGI pour discuter avec eux "de mesures à adopter qui soient à la fois rapides et surtout visibles". "Comment expliquer qu'une sanction pourrait avoir une vertu pédagogique quant elle intervient trois ans après la commission des faits ?", s'est interrogé le garde des Sceaux en référence aux délais de traitement des dossiers en Seine-Saint-Denis.

Recrutement de magistrats. Pourtant, a souligné le ministre, l'État n'a jamais autant investi depuis 1958 dans le recrutement des magistrats. "Cette année, nous avons accueilli 366 auditeurs de justice à l'école nationale de la magistrature (ENM)", a précisé Jean-Jacques Urvoas. "Nous recrutons mais il faut 31 mois pour qu'un magistrat arrive en juridiction", a-t-il souligné. "Nous avons aussi un problème d'attractivité car les magistrats qui viennent à Bobigny n'y restent pas", a-t-il ajouté, évoquant un examen des indices de rémunération.

"La Justice c'est 61 euros par Français". Enfin, il y a le problème des conditions de travail des magistrats. "C'est la raison pour laquelle j'ai annoncé que je réorientais 14 millions d'euros pour créer des postes de vacation" pour "décharger les magistrats et les greffes", faire en sorte qu'ils "puissent se concentrer sur leur métier", a expliqué le ministre. "Le budget de la justice cette année est de 8 milliards, ça paraît beaucoup mais ce n'est que 61 euros par Français alors qu'ils consacrent 136 euros à la redevance TV", a rappelé le garde des Sceaux. "Et, pour la première fois, nous avons des juridictions qui sont au bord de l'asphyxie", a-t-il insisté.