Jusqu'où peut aller François Fillon ?

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A défaut d'accocher l'une des deux premières places qualificatives, François Fillon est bien placé pour devenir le "faiseur de roi" de la primaire de la droite. © Eric FEFERBERG / POOL / AFP
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L’ancien Premier ministre semble solidement installé à la troisième place de la primaire de la droite. Mais pour être finaliste, ça semble plus compliqué. 

A un peu plus de deux semaines du premier tour de la primaire de la droite, un tiercé de tête se dessine. En tête, Alain Juppé, qui reste le grand favori, devant Nicolas Sarkozy et… François Fillon, désormais bien accroché à son statut de troisième homme. Dans la foulée de deux débats réussis, dont celui de jeudi soir, où il est soigneusement resté à l’écart des chicaneries pour cultiver son image de candidat sérieux, l’ancien Premier ministre semble avoir pris une avance définitive sur Bruno Le Maire, longtemps pressenti à cette place honorifique. Mais pour s’inviter dans le duo de tête, il reste au député de Paris encore beaucoup de chemin. Trop, sans doute.

Troisième homme ? Une place à consolider

Pour la troisième place donc, les choses sont en bonne voie. Dans le dernier sondage Elabe, publié mercredi, François Fillon émarge à 15% des intentions de vote, devant Bruno Le Marie, à 11%. Mais dans la dernière étude Ifop pour Paris Match, parue mardi, l’écart est beaucoup plus ténu, puisque l’ancien Premier ministre est à 12%, contre 11% là encore pour le député de l’Eure. C’est en fait la dynamique qui incite le camp Fillon à l’optimisme. Car dans les deux cas, le député de Paris progresse. "C’est vrai que dans les enquêtes, il est passé devant Bruno Le Maire. Et c’est vrai aussi que le discours ambiant, c’est de dire qu’il a été bon pendant les deux débats qui ont eu lieu", relève Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l’Ifop.

Entendu sur europe1 :
C'est clairement du côté des électeurs Les Républicains qu'il doit regarder

Mais le sondeur relativise. "Un débat ne change pas fondamentalement la donne. Après le premier débat, on avait dit que Bruno Le Maire n’avait pas été bon. Certes, il n’y a pas eu de progression, mais pas d’effondrement non plus", rappelle Frédéric Dabi. Qui parle d’une grande incertitude. "Le corps électoral est relativement homogène. On se focalise sur les potentiels électeurs de gauche, mais une énorme majorité des électeurs vient de la droite et du centre", explique-t-il. "Et comme en plus, l’offre électorale est quand même proche, il y a une grand fluidité possible entre tel ou tel candidat. Ça peut peut-être profiter à François Fillon, mais ce n’est pas sûr."

La deuxième place ? "Loin, mais pas inaccessible"

François Fillon est donc susceptible de reculer au final, mais aussi de progresser. Au point d’accrocher la deuxième place ? "Elle paraît quand même très loin. Mais je ne dirais pas qu’elle est inaccessible", répond Frédéric Dabi. "Il faut être extrêmement prudent, et on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise pour François Fillon." D’autant que l’ancien Premier ministre dispose d’une marge de progression, forcément. "Il est relativement faible au centre. De ce côté, il peut progresser. Mais s’il veut avoir une chance, c’est clairement du côté des électeurs des Républicains qu’il doit regarder", affirme le sondeur.

Selon le dernier baromètre Ifop, François Fillon ne séduit en effet que 7% des électeurs centristes certains d’aller voter, et seulement 14% des Républicains. Très loin, encore d’Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, à 16 jours du premier tour. Et c'est surtout chez l'ancien président de la République que François Fillon peut puiser des voix, puisque Nicolas Sarkozy capte 42% des intentions de vote des sympathisants Les Républicains au premier tour. 

L’objectif réaliste ? Etre "le faiseur de roi"

Finalement, François Fillon devra probablement se contenter d’un objectif plus réaliste, celui d’être le troisième homme, mais à un niveau suffisant pour lui permettre de jouer les arbitres au second tour. "Il peut être le faiseur de roi", résume Frédéric Dabi. Et d’ailleurs, pendant le débat, ni Alain Juppé ni Nicolas Sarkozy ne l’ont pris à partie, vantant son bilan et lui donnant du "cher François". Preuve que l’ancien Premier ministre est désormais un homme qui compte dans cette primaire de la droite. Ce qui, il y a quelques semaines encore, n’était pas gagné.