Alain Juppé est parfois accusé d'être trop à gauche et François Fillon trop à droite. 0:49
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A.H.
Pour le politologue Olivier Rouquan, Alain Juppé tient davantage d'une droite "orléaniste", axée sur la modération, et François Fillon d'une droite "légitimiste", tournée vers les valeurs catholiques.
INTERVIEW

François Fillon est-il trop à droite ? Alain Juppé trop à gauche ? Pour le politologue Olivier Rouquan, invité dans la matinale d'Europe 1 mercredi, la primaire "réveille de vieilles distinctions qui permettent de caractériser les droites". 

Trois hommes, trois droites. "Si l’on se réfère aux travaux des historiens, il y a même trois droites : le légitimisme, l'orléanisme et le bonapartisme", explique ce chercheur associé au Cersa (Centre d'Études et de Recherches de Science Administrative). "L'échec de Nicolas Sarkozy met de côté pour l'instant l'héritage du bonapartisme", caractérisé par "un chef très directif, autoritaire et qui revendique un côté très populaire". Il reste donc deux franges de la droite. "Le légitimisme c'est la famille, la tradition catholique et le recours au peuple. François Fillon prévoit pas moins de cinq référendums, donc on voit bien qu'il y a une filiation", juge Olivier Rouquan. "L'orléanisme est la droite plus modérée, parlementaire, ouverte aux évolutions sociétales. Là on voit le lien avec Juppé", avance-t-il.

L'opposition au FN, marqueur de l'identité. Cette distinction s'observe clairement sur les cartes électorales. "Les zones les plus déchristianisées sont plutôt favorables à une droite bonapartiste ou orléaniste. Alors que l’Ouest et l’Alsace sur-votent Fillon", affirme le politologue.

Sur le fond, les deux candidats sont-ils vraiment si différents idéologiquement ? "Depuis les années 80-90, Alain Juppé a fait de la distinction par rapport au Front national un marqueur de son identité. En cela, il hérite de Jacques Chirac. Sur la question de l’avortement, Chirac était très proche de la gauche", rappelle Olivier Rouquan. Si le maire de Bordeaux souligne avec insistance la proximité du candidat Fillon avec une droite dure, voire extrême, le politologue nuance. Selon lui, François Fillon, "se distingue du Front national sur les questions classiques".