Jour J pour le barrage de Sivens

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Benjamin Bonneau, avec Benjamin Peter , modifié à
Les élus du conseil général du Tarn vont se prononcer sur des solutions de remplacement au barrage controversé.

L'INFO. Les yeux du gouvernement sont tournés vers Albi. Le Conseil général du Tarn se penche en effet vendredi sur les alternatives au barrage de Sivens. La semaine a été très tendue sur le site avec d'un côté les militants écologistes, qui réclament l'abandon du projet, et de l'autre les agriculteurs, qui y sont favorables. Une tension telle que le préfet du Tarn a interdit toute manifestation en raison des risques de confrontations violentes entre les deux parties. Mais l'ambiance reste malgré tout électrique.

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"Notre boulot est de cultiver la terre, pas d'aller à la guerre". Bernard Durrieu, agriculteur, a confié sa colère et son inquiétude au micro d'Europe 1 : "actuellement, le projet de lac passe en second. La première chose, c'est d'expulser les 'zadistes' et reprendre nos droits sur notre territoire. Moi je voudrais qu'on les expulse et j'aimerais que ce ne soit pas à moi de le faire, car moi je suis un paysan, je ne vais pas y aller avec ma fourche…Nous, notre boulot est de cultiver la terre, pas d'aller à la guerre", a-t-il déclaré. Avant de prévenir les élus de l'enjeu de la réunion du jour : "ce qui est sûr c'est que si, après la décision du Conseil général, rien ne se passe, les gens qui sont déjà largement exaspérés vont complètement péter les plombs. On ne contrôlera plus rien."

Une manifestation interdite par les autorités. Conscient de la tension qui règne sur le site, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé au préfet l'interdiction de la manifestation prévue vendredi à Albi en marge du débat au Conseil général sur le projet du barrage de Sivens. "J'ai donné instruction au préfet que cette manifestation ne soit pas autorisée", "compte tenu des risques graves auxquels s'exposeraient les manifestants, pour leur intégrité physique" et "du climat de violence", a expliqué le locataire de la place Beauvau, lors des questions d'actualité au gouvernement au Sénat, jeudi.

Ségolène Royal Reuters 1280

© REUTERS

Deux options sur la table. La pression sur les épaules des élus est donc forte pour mettre un terme à cette situation de conflit. Le Conseil général du Tarn doit débattre des alternatives à la retenue d'eau initialement envisagée, et enterrée par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. La ministre avait présenté mi-janvier deux solutions de remplacement : un Sivens "light" qui prévoit un réservoir réduit de moitié environ, soit 750.000 m3, ou un ensemble de quatre retenues plus petites, une à Sivens et trois autres non loin.

Le président socialiste du Conseil général, Thierry Carcenac, a déjà fait part de sa préférence pour la première solution. Mais pour l'heure, aucune option ne satisfait ni les pro, ni les anti-barrage : les écologistes demandent "de nouvelles études" pour prouver qu'il est possible d'utiliser les retenues qui existent déjà aux alentours et les pro-barrage exigent "au minimum" une retenue d'1 million de m3 environ.

"Tant que le projet ne sera pas arrêté, on restera là pour protéger la terre". Quelque 300 gendarmes sont présents sur le site, pour assurer l'ordre et déclencher l'expulsion quand l'ordre en sera donné. D’ailleurs, selon des proches du dossier, le ministère de l’Intérieur imagine une évacuation de la zone très vite après le vote du nouveau projet. Mais les "zadistes" sont ne désarmeront pas. "On s'attend tous les jours à se faire expulser mais on est déterminés à rester sur zone. Tant que le projet ne sera pas arrêté, on restera là pour protéger la terre", confie l'un d'entre eux au micro d'Europe 1. "Je me laisserai traîner par terre mais dès que je serai libéré, je reviendrai sur les lieux et on réoccupera le site", conclut un autre.

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