Jean-Pierre Bel, l’inconnu au "plateau"

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Plana Radenovic avec agences , modifié à
PORTRAIT - Ce discret apparatchik du PS est le 1er président d'un Sénat à gauche.

Inconnu du grand public, Jean-Pierre Bel a été propulsé dimanche 25 septembre icône du basculement historique du Sénat à gauche. Le nom du président du groupe PS à la Chambre haute, qui a accédé samedi au Plateau, la présidence du Sénat, est désormais placardé dans tous les magazines. Avec sa photo, celle d’un anti-Larcher : 59 ans (donc relativement jeune pour l’institution), très mince, et un faux-air de Kevin Spacey.

Peu coutumier des "petites phrases", Jean-Pierre Bel n’a pas construit sa carrière politique à coups de sorties médiatiques. Mais c’est petit à petit que l’oiseau Bel a fait son nid à l’intérieur du Parti socialiste. Il y adhère en 1983, le jour de son élection à la tête de la mairie de Mijanes, un village haut-perché des Pyrénées. Trois ans plus tard, il rejoint le cabinet du conseil général d’Ariège, alors présidé par son beau-père, Robert Naudi, baron socialiste local.

Une rencontre "déterminante" avec Jospin

Sa carrière politique fait un bond hors du département lorsqu’il rencontre Lionel Jospin. Une rencontre qu’il qualifie de "déterminante". Après avoir fait ses armes dans la fédération de l'Ariège, puis dans la région Midi-Pyrénées, Jean-Pierre Bel est promu secrétaire national aux fédérations (1994-1997), puis aux élections (1997-2000). Il s'investit ensuite dans la campagne présidentielle de 2007 en élaborant le projet PS sur la réforme des institutions.

Mais parallèlement à cette ascension nationale, Jean-Pierre Bel tient à garder un ancrage local. En 1998, il prend à la droite le canton de Lavelanet, avant d'être élu quelques mois plus tard sénateur de l'Ariège. C'est là qu'il trace peu à peu son chemin vers la présidence du Palais du Luxembourg. En septembre 2004, il est choisi pour y diriger le groupe socialiste, et il est facilement reconduit dans ses fonctions quatre ans plus tard, grâce à son appartenance au courant Hollande, largement majoritaire parmi les sénateurs.

"Un opportuniste" pour Aubry

Un "hollandisme" qui ne manque pas de hérisser Martine Aubry. "Si la gauche est en position de remporter la présidence du Sénat, Jean-Pierre Bel n'est pas l'homme de la situation. C'est un opportuniste", avait-elle déclaré aux auteurs de La Bataille du Sénat. Depuis, soignant son image de rassembleuse, la candidate à la primaire PS a appelé ses camarades à voter pour Bel.

Réponse de l’intéressé : "Contrairement à ce que dit Martine Aubry, je ne suis pas un arriviste, je ne suis pas dans le microcosme parisien, j'ai toujours fait en sorte de ne pas l'être... Quand on ne joue pas des coudes pour être au milieu de la photo ou à faire des coups d'éclat, on paraît un peu incongru". Jean-Pierre Bel cultive en effet cette image discrète, allant jusqu’à s’effacer derrière ses troupes pour avoir le plus grand consensus.

Le montagnard Jean-Pierre Bel promet d’ailleurs un "Sénat plus moderne, plus modeste, plus transparent". Une modestie en accord avec son style de vie : père de trois enfants, dont un issu d’une récente union avec une Cubaine, il ne s’épanche pas sur sa vie privée. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il est passionné d’histoire, de cinéma, de rugby et de foot. Le Sénat s’apprêterait-il à élire un "président normal" ?