Jean-Luc Mélenchon ou la stratégie du cavalier seul à gauche

Jean-Luc Mélenchon veut porter sa candidature jusqu'au bout. François LO PRESTI / AFP
Jean-Luc Mélenchon veut porter sa candidature jusqu'au bout. © François LO PRESTI / AFP
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Thibaud Le Meneec
Le candidat de la France insoumise refuse une candidature commune à gauche avec le PS et EELV, malgré les appels du pied de Benoît Hamon et Yannick Jadot.

L’idée d’un bulletin commun à toute la gauche au premier tour de la présidentielle s’éloigne de jour en jour. D’interviews en réunions publiques, Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens continuent de défendre une candidature autonome du leader de la France insoumise (FI), alors que ses deux concurrents à gauche, Yannick Jadot (EELV) et Benoît Hamon (PS), prônent plus ou moins ouvertement un rapprochement en vue du premier tour.

Mélenchon favorable au rassemblement après le premier tour. Dimanche, Jean-Luc Mélenchon a rejeté dans La Provence l’idée d’une majorité composite avec les deux autres candidats à gauche. "Personne ne peut croire qu'il est possible de gouverner un pays avec une majorité composite de gens qui s'attendent les uns les autres au coin du bois", a indiqué le candidat FI. Et l’eurodéputé de faire un pas vers eux… seulement s’il parvient au second tour : "Si j'arrive jusqu'au deuxième tour, je proposerais aux socialistes et aux écologistes sincères, désireux de rompre avec le passé, de gouverner avec nous." Un rapprochement que souhaite les autres composantes de la gauche, mais avant le premier tour, pour honorer une "responsabilité historique", dixit Yannick Jadot.

"Il ne faudrait pas que l’union soit une combine". Alors que les militants EELV et les électeurs de la primaire écologiste votent mercredi et jeudi pour décider de l’ouverture ou non de discussions avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot a appelé lundi le candidat FI à "dépasser son ego" pour la présidentielle. En filigrane, le candidat écologiste l’appelle à concevoir le retrait de sa candidature, comme lui pourrait le faire bientôt au profit de Benoît Hamon. En face, le camp mélenchoniste explique ne pas être opposé à des discussions entre les composantes de la gauche, tout en excluant un accord sur le premier tour de la présidentielle. "Dans les années 1970, il était coutumier de rappeler que l’union est un combat, il ne faudrait pas que l’union soit une combine", prévient dans Le Monde Alexis Corbière, porte-parole de la France insoumise.

Dialogue de sourds entre Jadot et Mélenchon. Ces dernières semaines, les tentatives de discussions avec Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon ont tourné au dialogue de sourd. "J’ai téléphoné à Jean-Luc Mélenchon, je suis tombé sur son répondeur. Il ne m’a jamais rappelé", affirme Yannick Jadot jeudi, avant que l’eurodéputé ne lui réponde sur Twitter, le lendemain : "Mon répondeur dit : 'pas de message oral. Que des SMS.' Allez, encore un effort : écoute le répondeur."

 

"Une réaction de cour d’école", résume le candidat EELV dans le JDD, dimanche. Depuis, les relations restent tendues entre les deux camps. Si candidature commune il y a, elle ne devrait donc concerner que Benoît Hamon, crédité de 15% dans le dernier sondage Opinionway, et Yannick Jadot, à 2% d’intentions de vote d’après cette même enquête d’opinion. Jean-Luc Mélenchon, lui, est crédité de 11% d’après ce dernier sondage.

 

Des tensions aussi avec le PCF

Tout ne va pas si bien non plus entre le Parti communiste et la France insoumise. Alliés pour la présidentielle, les deux mouvements s’écharpent sur la question des législatives : la France insoumise veut présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, y compris dans celles où le sortant est communiste. Dimanche, le “groupe de travail” entre les deux parties, créé le 23 janvier pour tenter de régler les litiges, n’a pas permis de clarifier la situation dans les circonscriptions qui posent problème. "Ils [La France insoumise, NDLR] conditionnent le retrait de leurs candidats à la signature par tous les communistes d’une charte. Ce n’est pas envisageable pour nous. Rien ne se réglera avant la présidentielle", déplore un communiste. La charte en question exige des candidats qui veulent être labellisés FI une "discipline de vote de groupe" et le rattachement à une association de financement unique.