Jacques Attali : "la déchéance de nationalité n'aura pas lieu"

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Thibauld Mathieu
L'auteur de Peut-on prévoir l'avenir ? était l'invité, dimanche, de C'est arrivé demain. Il a livré ses prévisions, plus ou moins optimistes, pour l'année qui débute.
INTERVIEW

Il a pris l'habitude de surprendre et d'éclairer les Français en leur parlant froidement mais sûrement de leur avenir. Dans son dernier livre Peut-on prévoir l'avenir ?, Jacques Attali essaye de prévoir de quoi sera faite cette année 2016. "J'essaye de dire qu'il faut, en répondant à cinq questions, raconter le récit le plus vraisemblable de ce qui nous attend, pour réagir. Mais aussi le récit noir, le récit du pire", explique l'écrivain et économiste. "C'est ce récit que j'ai voulu raconter pour que l'on se prépare à cela, qu'on crée les conditions pour l'éviter." 

"Je ne veux pas être le prophète de mauvaise augure". Crise économique qui s'aggrave, nouvelles guerres possibles, crise climatique liée à El Niño… les indicateurs ne sont pas tous au vert pour 2016. "Mais je ne voudrais pas seulement être le prophète de mauvaise augure. Il y a des choses magnifiques qui se profilent pour 2016. Des évènements sportifs passionnants, la possibilité de mettre en œuvre à Marrakech les résultats de la COP21, des progrès techniques formidables, le fait que, objectivement, l'espérance de vie des Français va augmenter de trois mois. Il y a beaucoup de bonnes nouvelles devant nous", assure l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand.

"La déchéance de la nationalité est une mauvaise idée". Sur le plan politique, Jacques Attali livre également ses prévisions. "Je suis convaincu, et c'est mon pronostic, que la réforme sur la déchéance de nationalité n'aura pas lieu, et heureusement", confie-t-il. "Je trouve que c'est une mauvaise idée." S'il n'excluait pas, encore récemment, d'être candidat en 2017, l'économiste semble cependant beaucoup plus mesuré aujourd'hui. "Je n'ai vraiment pas ce souci en tête. Mon souci, c'est d'être utile, avec humilité et exigence. Avec beaucoup d'autres, nous allons, avant la fin février, déposer un programme aux Français, pour les cinq prochaines années, en espérant ainsi lancer le débat." Sur le site internet France2022, chacun peut déjà participer à l'élaboration de ce débat et déposer des propositions.

Sa méthode pour tenter de prévoir l'avenir, chaque individu peut aussi se l'approprier en répondant à ces cinq questions :

1. Qu'est-ce qui est invariant chez moi ?

2. Qu'est-ce qui, de toute façon, va m'arriver et que je peux prévoir dans l'année qui vient ?

3. Est-ce que je fais tout ce que je peux faire pour être en bonne santé physique et mentale pendant les douze mois qui viennent ?

4. Qui sont mes amis et qui sont mes ennemis ?

5. Que font-ils pour moi ou contre moi ?

"Il faut alors écrire le récit le plus probable de ce qu'on pense voir arriver à nous ou à ceux qui nous sont chers, ou pour le pays", précise Jacques Attali. Si 81% des Français considèrent que l'année 2015 a été "mauvaise pour la France", 51%, en revanche, l'ont estimée positive "pour eux-mêmes".