Irma : le gouvernement doit en tirer les leçons

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Hélène Jouan, cheffe du service politiuqe d'Europe 1
Emmanuel Macron part lundi soir dans les Antilles françaises durement touchées par l'ouragan Irma. Mais la polémique autour de l'impréparation du gouvernement face à cette catastrophe continue de souffler. 

Après avoir balayé les Antilles, l'ouragan Irma agite désormais la classe politique. Marine Le Pen a su faire oublier le temps d'une attaque, contre le manque des moyens de secours et les problèmes de maintien de l’ordre, l'état de confusion de son parti. Eric Ciotti, des Républicains, a embrayé, se trompant au passage de catastrophe naturelle en confondant la tempête Harvey, passé sur Houston fin août, avec l'ouragan Irma. Jean-Luc Mélenchon n'a pas été en reste, en réclamant une commission d'enquête parlementaire afin d’évaluer si "l’on a bien pré-positionné des forces militaires et civiles en nombre suffisant". Trois opposants pour dénoncer le manque d'anticipation, l'impréparation, et finalement, peut-être, les fautes commises par le gouvernement 

La détresse des sinistrés. Pour autant, il ne s'agit pas nécessairement d'une polémique politicienne infondée et stérile, sur laquelle l'opposition espère capitaliser. Des scènes de pillage ont eu lieu, l'ordre et la sécurité n'ont donc pas été assurés dans les premières heures qui ont suivi le passage d'Irma, à supposer qu’ils le soient à l’heure actuelle. Et puis, on a tous vu ou entendu les témoignages de ceux, souvent les plus fragiles, qui se sont sentis sinon abandonnés par la République au moins pas en capacité de résister à la catastrophe. Où aller ? Comment se protéger ? Que faire des malades ? Et c'est bien le rôle de l'opposition de pointer les éventuelles défaillances du pouvoir.

Un retard à l'allumage de la part de l'exécutif ? Le gouvernement se défend de ces accusations et rappelle le dispositif pré-positionné en amont pour faire face à une telle catastrophe. Ceci dit, les efforts ostensibles depuis samedi soir pour prouver une totale mobilisation, non seulement des services de l'état sur place mais aussi de toute la machine exécutive à Paris, signent sans doute l'aveu d'un retard à l'allumage. Ce n'est que samedi soir que le président réunit pour la première fois une cellule de crise à l'Elysée. C’est José qu’on attend, mais Irma est déjà loin des côtes françaises. Les renforts annoncés par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sont arrivés après le passage de l'ouragan, et ne seront sur place en masse qu'à partir d'aujourd'hui.

La crise climatique nous oblige. Mais plutôt que d'ajouter à une catastrophe humaine, sanitaire et économique une polémique politique, ne pourrait-on pas raisonnablement se dire qu’Irma a peut être pris le gouvernement de court, parce que c'est un ouragan d'une force inédite, que le plus important aujourd'hui est de savoir que ce type de catastrophe, dite naturelle, avec ce degré de violence, va se réitérer selon les affirmations des scientifiques, et qu’il faut donc revoir les plans d'organisation des secours, de communication et de mobilisation des moyens, pour ne plus donner cette impression d’arriver après la tempête ? Les risques nés de la crise climatique ont changé, les Etat, à la fois séparément et côte à côte, doivent prendre conscience d’urgence que tous leurs plans de prévention et de gestion de crise doivent très vite être redimensionnés.