Interview d'Emmanuel Macron : "il y a chez lui une forme de désenchantement", constate Jean-Michel Aphatie

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Romain David , modifié à
ANALYSE - Pour l’éditorialiste d'Europe 1 Jean-Michel Aphatie, l'intervention du chef de l'Etat mercredi soir trahit une certaine désillusion face à la difficulté d'exercer le pouvoir.
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"Respect et considération". Voilà les deux mots employés par Emmanuel Macron à l'égard des gilets jaunes. Invité du journal de 20 heures de TF1 depuis le porte-avions Charles de Gaulle mercredi soir, le président de la République a dit entendre ceux qui veulent manifester samedi, mais a aussi dénoncé le double langage de certains partis politiques. "Ce n'est pas le registre jupitérien qu'il a choisi. Il était dans la pédagogie parce qu'il faut expliquer à ceux qui soutiennent, ou regardent sans hostilité son action, ce qui se passe. Et puis, [il y avait] beaucoup de bienveillance, de sympathie ou de compréhension vis-à-vis de ceux qui se disent en colère", résume Jean-Michel Aphatie au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1.

Un registre peu entendu chez Emmanuel Macron. "C'était un président de la République inhabituellement modeste", constate l'éditorialiste." Au fond, Emmanuel Macron a tellement peu l'habitude de ce registre qu'il a même dévoilé un peu trop de son intimité", pointe Jean-Michel Aphatie, qui relève surtout "la forme de désenchantement qu'il y a chez lui après 18 mois au pouvoir". "C'est visiblement vraiment plus dur qu'il ne l'avait imaginé."

Un mea culpa... Le chef de l'Etat a notamment eu cette déclaration en forme de mea culpa : "Je n'ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants". "Nos concitoyens veulent trois choses : qu'on les considère, qu'on les protège, qu'on leur apporte des solutions", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter : "la considération, on ne l'a sans doute pas assez apportée".

... qui sonne comme un constat d’échec. "Le quinquennat n'est pas fini ! L'expression correcte aurait été : 'je n'ai pas encore réussi a réconcilier le peuple français avec ses dirigent'", réagit Jean-Michel Aphatie. "C'est comme un aveu d'échec, qui dit, dans l'intimité du président, la douleur qu'il ressent à être aussi contesté", analyse-t-il. "Ce bleu à l'âme, normalement, on ne le montre pas".