Immigration : Juppé renvoie Sarkozy dans ses cordes

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Le maire de Bordeaux a répondu malicieusement au questionnaire sur le sujet envoyé aux adhérents Les Républicains.

En pleine crise des réfugiés, Nicolas Sarkozy a voulu consulter les adhérents de son parti sur le délicat sujet de l'immigration. Les Républicains ont donc adressé mercredi à leurs militants un questionnaire en ligne. Faut-il suspendre Schengen ? Doit-on instaurer des quotas limitant le regroupement familial ? L'aide médicale d'Etat (AME) doit-elle être supprimée pour les étrangers en situation irrégulière ? En tout, douze questions reprenant les positions développées récemment par l'ancien chef de l'Etat.

Les résultats de la consultation seront connus vendredi soir. Alain Juppé, lui, a déjà répondu sur son site. Mais alors qu'il aurait pu simplement répondre à chacun des questions par un simple "oui" ou "non", le maire de Bordeaux a pris un malin plaisir à rédiger des réponses détaillées et nuancées. Car ce sont des "questions complexes", comme il l'explique dans le titre de son billet publié jeudi.

Dans la nuance. Alain Juppé se démarque ainsi des positions les plus polémiques de Nicolas Sarkozy. Alors que l'ancien chef de l'Etat propose un "Schengen 2", il s'interroge sur son contenu : "cela mérite d'être précisé, d'autant que 28 pays sont concernés et que la France ne peut décider seule". Il reconnaît tout de même que le système actuel "ne fonctionne pas correctement". Alain Juppé se montre aussi sceptique sur les centres de rétention que Nicolas Sarkozy souhaite installer à l'extérieur de l'Europe. "L'Europe ou la France ne peuvent naturellement pas créer de leur propre initiative des 'centres de rétention' dans des pays souverains", rétorque l'ancien Premier ministre, qui prône plutôt des hotspots "au sein de l'Union européenne".

Fidèle à lui-même, Alain Juppé fait donc dans la nuance. Il se dit ainsi favorable au rétablissement des contrôles temporaires aux frontières pour les non-Européens, prôné par Nicolas Sarkozy, mais "dans certaines situations exceptionnelles", et telles que déjà prévues par les accords de Schengen. A la question d'une "harmonisation des prestations sociales versées aux étrangers", le maire de Bordeaux estime que "ce n'est pas cela qui attire aujourd'hui le flux des nouveaux arrivants". Quant au débat sur la nationalité, Alain Juppé se dit attaché à l'"équilibre" entre droit du sol et droit du sang, même s'il juge "souhaitable d'encadrer les conditions d'acquisition de la nationalité française".

D'accord sur deux points. Finalement, il s'avère qu'Alain Juppé est sur la même ligne que Nicolas Sarkozy sur deux questions seulement. Il est favorable à l'établissement par l'UE d'une liste de "pays sûrs" pour éviter la fraude à l'asile, mais aussi à des "plafonds limitatifs" que voterait chaque année le Parlement afin de maîtriser l'immigration.

Assimilation : Juppé persiste et signe. Enfin, Nicolas Sarkozy avait ajouté une question à la consultation en demandant aux adhérents LR s'ils étaient favorables à l'assimilation ou seulement à l'intégration des étrangers, faisant l'écho à un désaccord sémantique avec Alain Juppé. Ce dernier campe sur ses positions. "S’il s’agit de nier les différences ou l’identité de chacun, le terme n’a pas de sens", affirme-t-il. Un partout, la balle au centre.