Immigration : ça remue dans la majorité

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avec Camille Langlade , modifié à
François Fillon a nié toute réserve sur le projet de loi Besson. Mais les critiques sont bien là.

"Le projet de loi sur l'immigration tel qu'il est présenté à l'Assemblée nationale par le ministre Eric Besson a naturellement l'approbation totale du Premier ministre et du gouvernement", a fait savoir mardi soir le cabinet de François Fillon. Une mise au point devenue nécessaire tant les critiques se font de plus en plus fortes au sein même de la majorité.

Fillon ne serait pas à 100%

C’est Etienne Pinte, député UMP, pourtant proche du Premier ministre, qui a jeté un pavé dans la mare mardi. "J’ai simplement dit à François Fillon que je ne pouvais pas voter un texte dans lequel on envisageait la déchéance de la nationalité française et j’ai compris qu’il n’adhérait certainement pas à 100% à toutes les dispositions de ce texte de loi", a-t-il confié sur i-Télé.

Etienne Pinte a dénoncé encore un texte qui "vise à draguer l'électorat du Front national". Sa consoeur Nicole Ameline avait déclaré la semaine dernière qu'elle ne voterait pas le texte "en l'état" car "il fait une place trop large à la répression".

Des critiques à la droite de la droite

Les critiques se font ainsi entendre parmi les plus modérés des élus UMP. Mais à l’inverse, l’aile la plus à droite du parti majoritaire gronde aussi contre ce texte.

"On assiste à une mascarade avec un texte volontairement provocateur de la droite pour faire croire qu’elle veut faire quelque chose mais la déchéance de nationalité ne concernera que trois personnes par an et donc ça ne sert strictement à rien alors qu’il y a des centaines de milliers de clandestins sur notre territoire", s’est indigné par exemple le député UMP Lionnel Luca, au micro d’Europe 1.

Besson défend son texte

Ces remous au sein de la majorité s’ajoutent à la vague de fond créée, depuis plusieurs semaines déjà, par l’opposition et les associations de défense des droits de l’homme.

Le texte défendu par Eric Besson étend la possibilité de déchoir de la nationalité française des Français d'origine étrangère condamnés pour le meurtre d'un policier ou d'un gendarme, une disposition voulue par Nicolas Sarkozy dans son discours de Grenoble. Il facilite par ailleurs le renvoi d'étrangers, y compris européens, vers leur pays. Pour le ministre de l’Immigration, ce dernier point correspond simplement à la transposition en France de trois directives européennes.