Hommages à Charles Pasqua : la droite unanime, la gauche plus mesurée

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avec Mélanie Nunès et Sandrine Prioul , modifié à
Charles Pasqua était "l'un des plus grands serviteurs" de la France pour Nicolas Sarkozy, une "voix originale et parfois controversée" pour Manuel Valls.

La droite à l'unisson, la gauche plus timide. C'est le ton des réactions politiques à l'annonce du décès de Charles Pasqua, mort lundi soir à 88 ans des suites d'un accident cardiaque. Compagnon politique de nombreuses personnalités de droite, telles Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua était une personnalité sulfureuse aux yeux de la gauche. D'où un contraste certain dans les hommages.

La "très vive émotion" de Sarkozy. Très vite, les ténors de la droite ont unanimement salué la mémoire de celui qui a été un véritable parrain du RPR. Dans un communiqué, Nicolas Sarkozy a fait part de sa "très grande tristesse" et sa "très vive émotion". "Il était l'incarnation d'une certaine idée de la politique et de la France, faite d’engagement, de courage et de convictions", salue l'ancien chef de l'Etat. "Ce soir, la France perd l'un de ses plus grands serviteurs".

Alain Juppé a salué un "résistant de la première heure, gaulliste de toujours". "Nos routes ont divergé. Mais sa personnalité m'impressionnait", a écrit l'ancien Premier ministre sur son compte Twitter. François Fillon a pour sa part réagi sur son blog, dans un billet intitulé "le cœur fendu". "Charles Pasqua incarnait l'autorité de la République à une époque où il était de bon ton de moquer la loi (...). Avec lui, pas de langue de bois : la France était la France debout et la République était non négociable", écrit l'ancien locataire de Matignon.

Vibrants hommages chez les souverainistes… Les hommages les plus ardents sont toutefois venus des souverainistes. Charles Pasqua était devenu l'un des fers de lance de ce courant, notamment lorsqu'il a fait alliance avec Philippe de Villiers aux élections européennes de 1999, recueillant plus de suffrages que la liste conduite par Nicolas Sarkozy.  Sur Europe 1, Philippe de Villiers s'est dit "triste d'avoir perdu un homme dont la voix était une voix de légende, à la Pagnol".

"Il a vraiment été un bon serviteur de la France", a souligné pour sa part Jean-Pierre Chevènement sur notre antenne. "J'ai gardé le souvenir d'une formule que j'ai fait entièrement mienne : 'la République est un régime de liberté, ce n'est pas un régime de faiblesse'".

Entendu sur europe1 :
J'ai perdu mon second père, mon père de cœur

...et dans les Hauts-de-Seine. Les élus des Hauts-de-Seine, fief électoral de Charles Pasqua, ont eux aussi fait part de leur émotion. "J'ai perdu mon second père, mon père de coeur", a réagi Isabelle Balkany sur Europe 1. "Nous perdons un grand bonhomme", a renchéri son mari Patrick Balkany, pour qui Charles Pasqua "a sans doute été l'homme politique qui défendait le mieux son pays". "C'est un vrai choc", a commenté le sénateur Roger Karoutchi sur BFMTV, rendant hommage à "un grand monsieur".

"Une certaine idée de la France" pour Valls. Les réactions ont été plus timides à gauche. Il est vrai que celui que François Mitterrand appelait "le terrible M. Pasqua" s'est souvent retrouvé sous le feu des critiques, en raison de ses positions très fermes en matière d'immigration et de souveraineté, mais aussi pour son implication dans plusieurs scandales politico-financiers. Dans un tweet, Manuel Valls a évoqué mardi une "voix originale et parfois controversée", qui "incarnait une certaine idée de la France".

Dans un communiqué, François Hollande "salue la mémoire d'un gaulliste" qui "a animé de toute sa personnalité la vie politique française". Quant au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, lui aussi "salue la mémoire" de son prédécesseur Place Beauvau.

Du côté du Front national, l'eurodéputé Florian Philippot a fait part de sa "tristesse", saluant "un grand patriote".

Quant à Emmanuelle Cosse, patronne d'Europe Ecologie-Les Verts, elle a choisi de faire entendre une voix différente, en préférant se souvenir sur Twitter de Malik Oussedine, cet étudiant mort en marge des manifestations contre la réforme de l'université en 1986. Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, avait été mis en cause par l'opposition de gauche.

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