ÉDITO - "Hommage" au maréchal Pétain : "Emmanuel Macron a eu raison sur toute la ligne, mais..."

Jean-Michel Aphatie retrace la genèse de la polémique sur les propos d'Emmanuel Macron.
Jean-Michel Aphatie retrace la genèse de la polémique sur les propos d'Emmanuel Macron. © Europe 1
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Dans son édito politique, Jean-Michel Aphatie revient jeudi sur les sources de la polémique née des propos d'Emmanuel Macron à propos du maréchal Pétain, un "grand soldat" de la Première Guerre mondiale.
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>> Emmanuel Macron a-t-il eu raison de dire que le maréchal Pétain, "grand soldat de la Première guerre mondiale", méritait un "hommage" ? La polémique a enflé depuis les propos du chef de l'État, prononcés mercredi lors d'une étape de son périple mémoriel à l'occasion des commémorations de la fin de la Grande Guerre. Sur Europe 1, jeudi, l'éditorialiste Jean-Michel Aphatie y a vu la marque d'une communication trop "approximative" qui pénalise l'action de l'exécutif. 

"Les propos d'Emmanuel Macron avaient leur part d'ambiguïté. Il dit par exemple 'Philippe Pétain était un grand soldat de la Première Guerre mondiale'. C'est un fait objectif et Philippe Pétain a aussi été, c'est le second fait objectif, un traître pendant la Seconde Guerre mondiale, traître à sa patrie puisqu'il a collaboré avec les nazis et traître aux valeurs républicaines puisqu'il a soutenu les lois antisémites de l'État français qu'il présidait.

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Un débat sur la cérémonie des Invalides. Emmanuel Macron a dit mercredi que Philippe Pétain a fait des choix funestes et le mot est juste. En fait, Emmanuel Macron a eu raison sur toute la ligne, mais il y a malgré tout une polémique. Pourquoi ? Parce que samedi est organisé aux Invalides un hommage républicain aux maréchaux français vainqueurs de la Première Guerre mondiale. L'état-major de l'armée française, qui a organisé cet hommage, avait prévu dans un premier temps d'y associer le maréchal Pétain. Il y a des documents datant de début septembre qui attestent cette volonté de l'état-major.

Cet épisode a créé un débat au sein de l'armée. L'Élysée va le trancher notamment par l'intermédiaire du chef d'état-major particulier du président de la République : Philippe Pétain sera écarté de l'hommage national de samedi prochain. Florence Parly, ministre des Armées, a attesté de la mise à l'écart de Philippe Pétain le 30 octobre dernier.

Entendu sur europe1 :
La communication d'Emmanuel Macron est trop souvent ambiguë, trop souvent approximative, teintée aussi de petites formes provocatrices qui peuvent parasiter l'action de l'exécutif

Des expressions ambiguës sur un sujet sensible. Seulement, jeudi, Emmanuel Macron s'est exprimé de manière ambiguë sur le maréchal Pétain parce qu'il a évoqué un 'hommage' au maréchal et certains de ceux qui connaissaient cet arrière-plan de la cérémonie des Invalides ont pensé que le président de la République voulait ou avait réintroduit le maréchal Pétain dans l'hommage national. Vérification faite, et deux fois plutôt qu'une, mercredi soir, il apparaît bien que le maréchal Pétain ne sera pas associé à cet hommage national. Philippe Pétain demeure un paria de la nation, et c'est très bien qu'il en soit ainsi.

Mais cette polémique nous apprend deux choses : d'abord, que le rapport à l'histoire demeure toujours très compliqué dans ce pays, ce qui traduit un trouble identitaire qui a une application contemporaine sur l'Europe, avec le débat sur la construction européenne.

Macron, provocateur dans sa communication ? Ensuite, la communication d'Emmanuel Macron est trop souvent ambiguë, trop souvent approximative, teintée aussi de petites formes provocatrices qui peuvent parasiter l'action de l'exécutif. Si un jour on écrit un traité du masochisme, il faudra faire une entrée 'Emmanuel Macron' parce qu'il y a beaucoup de cas qui illustrent cela. La troisième chose, c'est que nous avons des débats importants et difficiles devant nous et si on pouvait éviter toutes ces polémiques qui n'ont en fait aucun contenu, on s'en porterait beaucoup mieux."