Hollande : un "agenda" et après ?

© REUTERS
  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
En fixant un calendrier précis, le président propose un compromis aux Français.

Il s'est donné deux ans pour réussir. Un pari risqué. Lors de son intervention télévisée, dimanche soir, sur TF1, François Hollande a annoncé "un agenda du redressement" d'ici 2014. Le chef de l'Etat a fixé un calendrier précis : deux ans pour rétablir les comptes publics et un an pour inverser la courbe du chômage, de manière à entamer en 2014 une deuxième étape, visant à rendre la société française "plus solidaire". François Hollande s'engage ainsi vers un début de mandat à l'opposé de celui de François Mitterrand en 1981 : d'abord la rigueur, ensuite la redistribution.

Qu'y a-t-il derrière cet "agenda du redressement" ? Quel message le président a-t-il voulu faire passer ? Eléments de réponse avec le politologue Laurent Dubois, le sondeur Frédéric Dabi et Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste de communication politique.

• Son "deal" aux Français : un agenda contre du temps

Critiqué de toutes parts et en chute libre dans les sondages, François Hollande a d'abord voulu répondre à l'impatience des Français. "Le président dit à ses compatriotes : "je vous ai entendu et je vais accélérer", analyse Philippe Moreau Chevrolet.

09.09.Hollande4.TF1.930.620

© TF1

Mais, en se donnant un délai de deux ans, François Hollande demande aux Français de lui laisser du temps. Le temps de mener à bien les réformes structurelles, nécessaires au pays. "Une fois de plus, le chef de l'Etat a rappelé que le temps politique n'était pas le temps médiatique", ajoute le spécialiste de communication politique.

>>> A lire aussi : Un président "en première ligne"

"Ce qui a été très compliqué pour le chef de l’Etat, c’est cette impatience des Français, leur attente de résultats dans un temps très court. Donc, en inscrivant son action dans la durée, François Hollande essaye de faire comprendre que l’amélioration du pays prendra du temps", développe Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. D'où "le compromis du calendrier entre ce qu'attend l'opinion et ce qu'il peut faire", conclut Philippe Moreau Chevrolet.

• Les risques de l'agenda : une obligation de résultats

En fixant l'année 2014 comme un "marqueur" de son mandat, François Hollande a pris un vrai risque politique. "Le président s'est mis lui-même une épée de Damoclès au-dessus de la tête prenant le risque d'un volontarisme impuissant", estime Laurent Dubois. En particulier sur l'emploi, en promettant d'"inverser la courbe du chômage d'ici un an". "Il risque de ruiner sa crédibilité sur le sujet", tranche le politologue.

09.09.Bandeau.Hollande1.TF1.460.100

© TF1

"Les mesures financières sont acceptées si elles sont justifiées par de la justice sociale, avec des résultats dans la durée", indique François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice, interrogé par Reuters. "S'ils ne sont pas au rendez-vous dans un an ou deux, les Français seraient comme des clients insatisfaits d'une prestation de service : le retour de bâton serait violent pour l'exécutif", prévient le sondeur.  

>>> A lire aussi : le résumé de l"interview, c'est par ici.

 En attendant, l'échéance 2014 permet au président de "fixer le cap", avec l'objectif de mobiliser tout le monde, des membres du gouvernement, aux syndicats, en passant par les parlementaires.

• La référence, Gerhard Schröder et son agenda 2010

L'agenda 2014 de François Hollande n'est pas sans rappeler l'agenda 2010 de Gerhard Schröder. A l'époque, le chancelier social-démocrate avait lancé, dans la douleur, un programme de réformes radicales du marché du travail et de la protection sociale, visant à améliorer la compétitivité. Aujourd'hui, sur la réforme du marché du travail, le chef de l'Etat demande aux partenaires sociaux d'accélérer le tempo, en fixant à la fin 2012, les résultats de leur négociation. Mais sur le reste, l'agenda hollandais n'a pas grand chose à voir avec celui de Gerhard Schröder. "En Allemagne, il s'agissait d'un plan très dur de réformes, on n'en est pas encore là en France", souligne Laurent Dubois.

>>> A lire aussi : Hollande, social-démocrate ? Oui, mais...