Hollande sur les terres de son enfance

La classe de 5e de François Hollande, au dernier rang à gauche, lorsqu'il était inscrit au collège Saint Jean-Baptiste-de-la-Salle.
La classe de 5e de François Hollande, au dernier rang à gauche, lorsqu'il était inscrit au collège Saint Jean-Baptiste-de-la-Salle. © EUROPE1/XAVIER YVON
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avec Xavier Yvon , modifié à
- Un ancien prof et un ancien camarade de classe se souviennent.

C'est un rendez-vous que le candidat socialiste ne doit pas rater s'il veut faire front face à l'offensive de Nicolas Sarkozy, qui doit annoncer sa candidature mercredi soir. François Hollande organise mercredi son deuxième grand meeting à Rouen, après celui du Bourget.

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Mais les observateurs politiques auront à l’esprit une autre comparaison, plus historique. Avec ce meeting, François Hollande est en effet de retour sur les terres de son enfance, puisqu’il est né le 12 août 1954 à Rouen. Il y a vécu jusqu'à ses 13 ans avec son père, ORL, proche de l'extrême-droite, et sa mère, assistante sociale.

"Je revois son regard, malicieux"

Délicatement, le professeur Armand Adem sort de sa bibliothèque la pochette usée d'un 33 tours, Jean Ferrat chante "Potemkine". Il s’agit du cadeau qu’avaient fait le jeune François Hollande et ses camarades de classe à leur professeur de Français de 5e.

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 Plus de 40 ans après, Armand Adem est toujours sous le charme. "Je revois son regard, malicieux, lançant une petite boutade. Cela faisait rire tout le monde, je riais avec eux et on repartait".

"Il faisait partie de ces quelques uns qui étaient capables de chercher à travers l’ironie un message social, chez Voltaire par exemple. De François Hollande, comme d’autres, j’ai ce souvenir qu’il s’agissait de quelqu’un qui voulait exister, qui ne voulait pas être noyé dans la masse", témoigne l’enseignant.

"On avait mis des boules puantes dans la classe"

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 Sur la photo en noir et blanc de cette classe de 5e, François Hollande est en haut à gauche. A l'autre bout de la rangée se trouve le jeune Alain Préaux, avec lequel il a beaucoup traîné. "Lui à un bout et moi à l’autre, comme dans les études : lui était très bon élève, moi... près du radiateur", se rappelle-t-il, avant d’ajouter : "c’était un bon copain".

Et Alain Préaux de raconter un fait d’armes du duo qu’il formait avec François Hollande. "On avait mis des boules puantes dans la classe, sauf qu’on a été pris à notre propre jeu puisque le professeur est entré, il a senti, il a fermé aussitôt la porte et nous a laissé baigné dans notre jus", se souvient-t-il.

"Il était dans le coup, ça… c’était pas le genre de François d’être fayot", ajoute Alain Préaux. Les deux garçons parlaient plus de foot que de filles ou de politique. Alain Préaux, qui n'a jamais revu François Hollande, livre facilement ses souvenirs mais il garde précieusement la photo de classe. "Si François est élu", dit-il avec un clin d'oeil, "j'en tirerais peut-être un bon prix".

Déjà intéressé par la politique

C’est à cette même époque de la famille Hollande déménage sur les hauteurs de Rouen, à Bois-Guillaume. Un lointain cousin, Jean Hollande, se souvient des réunions politiques le soir avec George, le père de François, un médecin proche de l'extrême droite.

"François, qui était dans sa chambre, descendait à pas feutrés pour voir et écouter ce que nous faisions, ce que nous disions. Mais la maman, qui veillait au grain, surveillait son jeune enfant et puis le faisait regrimper… Il n’était pas très content", se souvient-il.

Aujourd'hui, la vieille bâtisse existe toujours, encerclée par les maisons neuves. A l'époque il n'y avait que des champs, un terrain de foot idéal pour le jeune François et ses amis.