Hollande relance le débat sur l'euthanasie

© CAPTURE ECRAN I TELE
  • Copié
Fabienne Cosnay avec agences , modifié à
Le président s'est demandé mardi s'il n'était pas temps "d'aller plus loin" que la loi Leonetti.

François Hollande n'a jamais prononcé le mot "euthanasie". Mais le président souhaite relancer le débat autour de la "fin de vie". En déplacement à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, le président a pris l'engagement de développer les soins palliatifs et a posé la question de dépasser la loi Leonetti de 2005. La législation actuelle prévient l'acharnement thérapeutique sans permettre de déclencher un geste médical pour provoquer la mort.

"Le débat mérite d'être engagé"

Rendant hommage à cette loi, François Hollande s'est demandé s'il n'était pas temps d'"aller plus loin dans des cas exceptionnels, quand la douleur est irréversible et appelle un acte médical assumé". "Poser cette question, c'est poser une perspective qui elle-même entraîne un débat", a estimé le président.

"J'entends et je respecte les consciences et les voix venues notamment des autorités spirituelles qui affirment ce principe essentiel, respectable, selon lequel tout instant de vie mérite d'être vécu", a-t-il ajouté. Mais "le débat mérite d'être engagé" et "doit se faire dans l'apaisement", a conclu François Hollande. A un journaliste lui demandant si le mot "euthanasie" était tabou, le président a simplement déclaré : "Ce n'est pas le mot que j'ai employé".

Déjà pendant la campagne

Dans ses 60 engagements pour la France, François Hollande avait déjà évoqué, la possibilité qu'une personne puisse bénéficier, dans des cas extrêmement précis, d'un geste actif pour l'aider à mourir. Le candidat socialiste avait alors proposé que "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable (...) puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

"Perfectionner la loi Leonetti"

Le thème de l'euthanasie avait cependant été l'un des grands absents du discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault et avait provoqué une certaine déception chez les défenseurs de ce droit. Dans un entretien à Radio Fidélité, le 4 juin, le Premier ministre avait  pris soin de préciser qu'il n'était pas question de légaliser l'euthanasie. "Ce que nous voulons faire, c'est perfectionner la loi Leonetti", avait déclaré le chef du gouvernement. "Si la loi Leonetti doit être complétée dans l'esprit du projet de François Hollande, les décisions ne pourront pas être prises comme ça : il y aura un collège de médecins et puis l'engagement de la personne concernée qui sera évidemment sa totale liberté et détermination", avait précisé Jean-Marc Ayrault.

La mission sur la fin de vie, qui sera menée par le professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d'éthique, devrait délimiter les contours d'une future loi ou réglementation.