Hollande-Merkel, je t’aime… moi non plus

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SOUVENIRS - La relation franco-allemande s’est considérablement dégradée depuis l’élection de Hollande.

Tout avait très mal commencé. En 2011, Angela Merkel avait soutenu activement Nicolas Sarkozy pendant sa campagne, allant même jusqu'à refuser de recevoir le prétendant socialiste. Le candidat Hollande, lui, s’était déplacé à Berlin pour discourir devant les membres du SPD, l'adversaire politique de Merkel. Avant, une fois président, de recevoir à Paris Peer Steinbrück l’adversaire de la chancelière allemande. Entre les deux dirigeants, le courant n’est donc jamais vraiment passé. Europe1.fr vous rafraîchit la mémoire.

15 mai 2012. En déplacement à Berlin pour la première fois en tant que président - et ce le jour même de sa prise de fonctions -, François Hollande est en retard, comme souvent. Mais cette fois, il a une bonne excuse : son avion a été touché par la foudre. "On peut y voir un heureux présage pour la coopération entre nous", s’amuse Angela Merkel un peu plus tard en conférence de presse. Pourtant, lors d’un tête à tête, les deux dirigeants actent déjà leurs désaccords. "Je suis pour le sérieux budgétaire (…) mais je suis aussi pour la croissance", lance le président français à une chancelière allemande qui plaide pour l’austérité. Ça commence mal, d’autant qu’Angela Merkel n’a pas digéré de n’être reçue qu’après les responsables du SPD. Le ver est dans le fruit.

montebourg et ayrault

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14 juin 2012. Au plus fort de la crise européenne, François Hollande réclame de "nouveaux instruments financiers", notamment des euro-obligations, pour calmer les marchés. Des solutions "faciles" et "rapides", voire "médiocres", qui ramèneraient la crise en Europe à son point de départ, tacle Angela Merkel. La chancelière allemande juge alors qu'il est temps de parler des "divergences croissantes entre la puissance économique de l'Allemagne et la France". En réponse, Jean-Marc Ayrault l'invite à "ne pas se laisser aller à des formules simplistes", quand Arnaud Montebourg lui reproche son "aveuglement idéologique".

28 juin 2012. En pleine nuit, l’Espagne et l’Italie menacent de faire capoter le sommet de l’Union européenne. Ils réclament davantage de protection de l’Europe face aux marchés, sinon ils ne signeront pas l’accord sur la croissance. François Hollande appuie le coup de force des pays du Sud. Angela Merkel est dans les cordes et finit par céder. Le lendemain, elle annule sa conférence de presse, et le président français bombe le torse.

18 octobre 2012. Avant un conseil européen, François Hollande n’en démord pas : il exige une supervision des banques de la zone euro d’ici à la fin de l’année. Angela Merkel plaide quant à elle pour une discipline budgétaire centralisée pour tous les pays de l'euro, craignant qu’une recapitalisation bancaire ne heurte l’opinion publique allemande. Par voie de presse interposée, les deux dirigeants s’affrontent violemment. Une compromis a minima est trouvé, qui permet à chacun de sauver la face.

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Le 8 février 2013. Après des heures de discussion et la menace d’un échec, l’Union européenne adopte finalement son budget pluriannuel. Et pour la première fois, il baisse, fruit de la volonté du couple anglo-allemand d’arrêter de mettre la main au portefeuille. François Hollande a perdu une bataille, et refuse même de prendre au téléphone le couple "Merkeron".

19 février 2013.  À la veille d'une journée de manifestations contre l'austérité, François Hollande se rend en Grèce pour apporter son soutien au peuple. Et faire passer un message : "Nous devons faire en sorte que la croissance et l'emploi reviennent. Nous avons besoin en Europe de plus de croissance, c'est ainsi que nous pourrons atteindre nos objectifs de réduction des déficits publics", plaide le président français. Un discours à contre-courant de celui d’Angela Merkel, qui réclame davantage d’efforts. Et une nouvelle illustration de la fracture au sein du couple franco-allemand.

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27 avril 2013. Le Parti socialiste français se livre à un véritable réquisitoire contre Berlin, fustigeant "l'intransigeance égoïste" de la chancelière allemande, allant jusqu'à appeler à un "affrontement démocratique" avec l'Allemagne. François Hollande tente de déminer, assurant que "la tension amicale existe, mais [qu'] il faut garder l’amitié pour trouver le compromis".