Hollande en colère après les attaques de Guéant

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David Doukhan, Benjamin Bonneau et , modifié à
REACTION - L'ex-ministre a dénoncé un "scandale d'Etat" sur Europe 1. La présidence de la République assure avoir "agi dans le strict respect de la loi".

"Strict respect de la loi". Il n'a pas mâché ses mots dimanche matin sur Europe 1. Invité du Grand Rendez-vous, Claude Guéant a accusé l'Élysée d'être à l'origine d'"un scandale d'État" en transmettant des archives de l'ancien président Sarkozy à la justice, dans l'affaire de l'arbitrage Tapie-Adidas. Dans l'après-midi, la présidence de la République a répondu à ces attaques en affirmant avoir "agi dans le strict respect de la loi et des réquisitions de l'autorité judiciaire".

Le palais de l'Elysée précise que "dans le cadre de l'instruction suivie par le juge Tournaire et sur la demande expresse de ce dernier, elle lui a communiqué les seuls éléments d'information requis qui se trouvaient disponibles dans les services de l'Élysée".

"Instrumentalisation de la justice". Claude Guéant a été entendu la semaine dernière dans l'enquête sur l'arbitrage Tapie-Adidas. Sorti après 30 heures de garde à vue mercredi, il doit être convoqué ultérieurement par les juges. Sur Europe 1, l'ancien secrétaire général de l'Elysée et ancien ministre de l'Intérieur a notamment dénoncé la transmission aux juges par la présidence de la République d'archives de l'ancien président. "Nous savons qu'il y a au sein de l'Etat, une utilisation de l'Etat, une structure, une organisation qui est faite à coups de violations de secrets de l'instruction et de l'enquête et à coups d'instrumentalisation de la justice pour dénigrer Nicolas Sarkozy, pour le détruire, et avec lui ses principaux collaborateurs", a-t-il déclaré.

La colère froide du président. François Hollande n’a pas du tout apprécié. Lorsqu’il a entendu ces accusations, le chef de l’Etat est entré dans une colère froide. Puis il a immédiatement exigé la rédaction du communiqué officiel envoyé dimanche aux rédactions. Une démarche exceptionnelle car "d’habitude, on laisse courir ce genre de délires", explique un de ses proches, mais cette fois l’accusation était trop grave pour laisser filer.

Joint dimanche soir, Claude Guéant persiste, signe et précise même son propos. Il affirme notamment que les documents qu’il a consultés sont des notes de secrétariat de Nicolas Sarkozy, avec des demandes de rendez-vous de la part de Bernard tapie. Et il reproche à l’Elysée de ne pas les avoir immédiatement envoyés aux archives nationales, ce qu’il considère même comme "illégal".

"Une manip grossière pour masquer les déboires de l’UMP". A l’Elysée, on répond point par point à ces accusations. D’abord, les juges auraient réclamé ces documents avant que l’on puisse les verser aux archives. A partir de là, "non seulement nous avions le droit de les communiquer, mais nous en avions le devoir". Enfin, lorsque Claude Guéant accuse le pouvoir socialiste d’instrumentaliser la justice, le palais estime qu’il s’est lancé "dans une manip grossière pour masquer les déboires de l’UMP et protéger son ancien président".

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