Hollande battu par Montebourg, le sondage à prendre avec des pincettes

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avec David Doukhan
Le Point a révélé jeudi l'existence d'un sondage commandé par le Parti socialiste et qui n'aurait pas été révélé au vu des résultats : Arnaud Montebourg devant François Hollande à la primaire de la gauche. 

C'est un sondage qui fait tache pour le chef de l'Etat. Selon Le Point, une enquête de l'institut de sondage Ipsos révèle qu'Arnaud Montebourg devancerait François Hollande à la primaire de la gauche. Mais ces résultats n'ont pas été rendus publics par le Parti socialiste, commanditaire du sondage. Mis devant le fait accompli, le PS se défend et inverse même le résultat.

Que dit le sondage ? Réalisé entre le 1er et le 4 juillet, le sondage donne donc gagnant Arnaud Montebourg à 53% contre François Hollande à 47% si un deuxième tour à la primaire de la gauche les opposait. Le chef de l'Etat serait lui gagnant face à Benoit Hamon en l'emportant à 57%.

Dans le détail, on s'aperçoit que le président de la République devance largement son ancien ministre de l'Economie auprès des sympathisants de gauche (63% contre 20%). Mais Arnaud Montebourg se rattrape avec les sympathisants de la gauche non gouvernementale (43% contre 3%). "Ce sondage confirme ce que l'on voit", explique à Europe 1 François Kalfon, lieutenant d'Arnaud Montebourg. "Que dit-il ? Que M.Hollande est très rejeté, que les électeurs veulent une alternative et que cette alternative est incarnée par Arnaud Montebourg".

Pourquoi il faut être prudent. Il faut néanmoins nuancer le résultat de ce sondage. Sur les 16.000 personnes interrogées, seules 6% se disent certaines d'aller voter à la primaire. En outre, les sondés ont tendance à surévaluer leur motivation de participation. D'un point de vue plus politique, il faut aussi noter qu'Arnaud Montebourg est formellement candidat à l'élection présidentielle alors que François Hollande, enfermé dans l'exercice du pouvoir, n'est pas encore entré en campagne.

Cambadélis conteste, Ipsos tempère. Mais malgré ces nuances, au Parti socialiste, forcément on n'est pas très enthousiaste. Sur Europe 1, le patron du parti, Jean-Christophe Cambadélis a même livré une curieuse analyse. "Le résultat, il n'est pas celui qu'on a annoncé dans les médias, mais la victoire de François Hollande", a-t-il ainsi affirmé. "Si c'est vrai, pourquoi n'a-t-il donc pas publié le sondage ?", lui répond François Kalfon qui assure que "l'on ne peut pas prendre ce qu'on veut dans un sondage".

Du côté d'Ipsos, on évite de prendre parti. "M.Cambadélis voulait sans doute souligner, dans le détail, quelques différences significatives", explique à Europe 1 Federico Vacas, directeur adjoint du directeur opinion d'Ipsos. "Arnaud Montebourg est très fort au niveau des sympathisants de la gauche non gouvernementale, c'est-à-dire auprès d'Europe-Ecologie-Les-Verts et du Front de Gauche, et de la droite et l'extrême-droite tandis que François Hollande arrive largement en tête des sympathisants socialistes", avance-t-il. Selon ce dernier, il faut donc interpréter ces résultats avec "prudence" d'autant plus "nous sommes à 6 mois de l'élection présidentielle et que l'offre des candidatures n'est pas figée". "En outre", poursuit Federico Vacas, "il faut aussi restituer l'enquête dans son contexte. Début juillet, on est en pleine contestation de la loi travail, une période difficile pour François Hollande". "Le résultat de cette élection reste donc très ouverte", conclut-il.