Hollande à l'UE : la croissance pour condition

Le candidat PS le répète : il ne signera pas le nouveau texte européen en l'état et demande toujours j'ajout d'un volet consacré à la croissance.
Le candidat PS le répète : il ne signera pas le nouveau texte européen en l'état et demande toujours j'ajout d'un volet consacré à la croissance. © HANDELSBLATT
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G.V. avec agences , modifié à
Le candidat socialiste français répète qu’il souhaite renégocier le pacte budgétaire européen.

Sa position n’a pas évolué : si François Hollande est élu président de la République, il posera des conditions à la ratification du traité européen instaurant une stabilité budgétaire et une règle d’or. Le candidat socialiste l’a redit mercredi matin dans une interview accordée au quotidien allemand Handelsblatt.

Le candidat ne conteste pas la rigueur budgétaire décidée en contrepartie d’une solidarité financière en faveur des Etats fragiles de la zone euro, mais il souhaite que cet effort soit accompagné de mesures de relance pour éviter une récession généralisée dans toute l’Union européenne.

"Je l'ai promis aux Français et je m'y tiendrai"

François Hollande en est persuadé, "seule une stratégie de croissance peut sortir l'Europe de l'ornière. Tous les pays de l'Union européenne, y compris l'Allemagne, souffrent d'un déficit de dynamisme économique".

Par conséquent, "si le pacte ne contient pas de mesures de croissance, je ne pourrai pas soutenir sa ratification par l'Assemblée nationale. Je l'ai promis aux Français et je m'y tiendrai", a rappelé l’élu corrézien Hollande dans les colonnes du journal économique allemand.

Hollande invoque des alliés pour améliorer le pacte budgétaire

Avec cette nouvelle sortie, le candidat PS s'adresse indirectement au candidat Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, adversaire affiché du traité européen. François Hollande envoie également un message de fermeté à la fois aux partenaires européens mais aussi à l’UMP qui pronostique, en cas de victoire de François Hollande, des attaques spéculatives des marchés et un isolement diplomatique de la France vis-à-vis du reste de l’UE.

Pour contrer ces critiques, le socialiste a affirmé ne pas être le seul à vouloir revoir le texte européen. "J'ai rencontré plusieurs chefs d’État européens, il n'y en a pas beaucoup qui soient satisfaits de la situation économique. Je ne suis pas isolé", a-t-il assuré.

Signé le 2 mars à Bruxelles par 25 pays membres de l'UE, le pacte commencera à s'appliquer dès que 12 États l'auront ratifié. Les Européens ne sont cependant pas unanimes : la Grande-Bretagne et la République tchèque ont choisi de rester en dehors, tandis que l'Irlande a décidé de le soumettre à un référendum.

Une fenêtre de tir toujours plus étroite

Les marges de manœuvres de François Hollande en cas de victoire sont néanmoins de plus en plus limitées : le Portugal a ratifié vendredi le pacte budgétaire européen, rendant un peu plus hypothétique une renégociation. D’autres Etats-membres, dont les Pays-Bas, devraient l’imiter dans les prochaines semaines.

De plus, l’Allemagne reste ferme sur ses positions : la généralisation en zone euro de "règles d'or" est un cheval de bataille de la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel, depuis que l'Allemagne s'est elle-même dotée d'un tel instrument. Que François Hollande veuille renégocier l’accord ne fait aucun doute, qu’il y parvienne est donc plus hypothétique.

Un petit mot pour Angela Merkel

Les relations franco-allemandes occupent évidemment une place de choix dans l’entretien accordé au Handelsblatt. Interrogé sur le refus d’Angela Merkel de le recevoir pendant la campagne, le candidat socialiste "comprend qu'il existe une solidarité partisane entre les différents camps conservateurs européens."

Pour autant, "peu importe ce qui s'est passé pendant la campagne, si je suis élu, ma première visite me conduira en Allemagne. Je rencontrerai alors Madame Merkel", a rappelé François Hollande. Et ce dernier d’invoquer en guise de conclusion le liens forts qui unissent les deux pays : "en ces temps de grande crise, l'Europe a besoin du couple franco-allemand".