Hénin-Beaumont, mode d'emploi

A Hénin-Beaumont, la dernière mine a fermé en 1970.
A Hénin-Beaumont, la dernière mine a fermé en 1970. © MAXPPP
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avec agences
ZOOM - Cette ville sera le théâtre du duel Le Pen-Mélenchon pendant les législatives.

Front contre Front, la confrontation s'annonce explosive. Pour les législatives, Jean-Luc Mélenchon fera face à Marine Le Pen dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, celle de l'emblématique Hénin-Beaumont. Dans cette ville de 26.000 habitants, le Front national n'a cessé de gagner du terrain ces dernières années. Europe1.fr se penche sur les caractéristiques de cette circonscription très convoitée.

Un ancien centre minier. Le dernier puits de charbon de la ville a fermé en 1970, laissant sur le carreau des milliers d'ouvriers. Mais la ville a aussi subi la fermeture de l'usine Samsonite et celle de Métaleurop. Comme l'explique dans Le Plus du Nouvel Obs Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, Hénin-Beaumont est "un territoire marqué par un important passé industriel, qui ne s'est jamais réellement relevé de la fin de la mono-industrie minière".

Une forte communauté polonaise. Comme le reste de la région, Hénin-Beaumont est marquée par une très forte immigration venue de Pologne pour travailler dans les mines. Jean-Luc Mélenchon n'a d'ailleurs pas manqué d'évoquer samedi, devant les militants locaux, les "immigrés blonds" de la région, note Le Parisien.

Un taux de chômage endémique. Le taux de chômage atteint les 15,5% dans la ville, largement au-dessus du taux national. Hénin-Beaumont compte "45% de plus d'ouvriers que la moyenne nationale", selon Marine Tondelier, candidate écologiste, citée par Le Figaro. La candidate observe que le taux de chômage y est "au moins de 16% pour les employés et de 18% pour les ouvriers", et qu'on y dénombre  "8.600 allocataires sociaux, soit 7% de la population".

"Le Pas-de-Calais, notamment la section d'Hénin-Beaumont, c'est un endroit très populaire, avec une population très précaire, essentiellement ouvrière", confirme au micro d'Europe 1 Sylvain Crépon, sociologue et spécialiste du Front national. Et le chercheur de rappeler qu'au niveau national, Marine Le Pen a récupéré, lors de l'élection présidentielle, plus de 35% de cet électorat ouvrier, quand Jean-Luc Mélenchon en a récupéré 15%.

Un ancien bastion du PCF où le FN gagne des voix. La région est une terre historique du mouvement ouvrier. Mais elle "ne constitue plus depuis la fin des années 70 une zone de force pour le Parti communiste et plus généralement pour la gauche non socialiste", selon Pierre Mathiot. Un héritage que Jean-Luc Mélenchon n'entend pas laisser au FN, estimant qu'"ici c'est la gauche, le drapeau rouge, la résistance".

A Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen a été parachutée en 2007, le Front national a progressé, notamment grâce à Steve Briois, un enfant du pays, qui "lui a donné les codes, les clés pour pouvoir s'insérer", selon Sylvain Crépon. A tel point que Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle, avec 31,42%. Jean-Luc Mélenchon, lui, s'est classé quatrième, avec 14,58% des voix.

Un PS local très affaibli par les affaires. Localement, le PS a perdu du terrain, plombé par des affaires de corruption. Gérard Dalongeville, ancien maire de la ville, a ainsi été mis en examen en 2009 pour détournement de fonds, faux en écriture et favoritisme, dans une affaire de fausses factures. Il avait été révoqué en conseil des ministres. Dans le Pas-de-Calais, pas moins de cinq enquêtes préliminaires ont été ouvertes, dont une visant un autre maire, celui de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, qui aurait effectué des dépenses personnelles avec la carte bancaire d'un bailleur social.

Pour les législatives, c'est Philippe Kermel, maire de Carvin et conseiller régional, qui représentera les socialistes.