Guérini : ça tombe très mal pour le PS

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Hélène Favier avec Reuters , modifié à
Sa probable mise en examen, jeudi, mettrait le PS mal à l’aise à moins d’un mois de la primaire.

Moins d’un mois avant le premier tour de la primaire, huit mois avant la présidentielle : l’affaire Guérini vient empoisonner un PS qui espérait éviter les fausses notes avant 2012. Jeudi, le sénateur et président socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône, l'homme fort du Parti socialiste dans le Sud, est convoqué chez le juge Charles Duchaine. Il devrait être mis en examen pour prise illégale d'intérêt, de trafic d'influence et d'association de malfaiteurs avec son frère Alexandre.

Mis en examen pour trafic d'influence ? 

Le juge Duchaine soupçonne, en effet, la mise en place d'un système occulte de surfacturation et de trafic d'influence dans l'attribution de certains marchés publics de l'agglomération marseillaise. Il suspecte Alexandre Guérini, qui était à la tête de plusieurs sociétés spécialisées dans le traitement des déchets jusqu'au mois de novembre 2010, d'en être le cerveau.

Après plusieurs perquisitions et écoutes téléphoniques, le frère cadet de Jean-Noël a été mis en examen en décembre dernier pour "abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, recel et blanchiment, trafic d'influence, corruption active et détention de munitions". Il a été remis en liberté le 17 mai.

La justice s'intéresse aujourd'hui aux liens entre les deux frères, d'où la possible mis en examen de Jean-Noël Guérini pour "association de malfaiteurs". De source proche de l'enquête, on indique que le président du conseil général aurait notamment toléré les ingérences de son frère dans des affaires relevant de la compétence du département "à des fins de clientélisme servant leurs intérêts communs".  Le juge disposerait ainsi d'écoutes téléphoniques démontrant qu'Alexandre Guérini a fait, à plusieurs reprises, pression sur des fonctionnaires à des fins personnelles. 

Guérini, "un boulet moral" pour le PS

Homme fort du PS local, élu sans interruption à la tête de l'exécutif départemental depuis 1998, Jean-Noël Guérini rappelle "qu'être convoqué ne signifie pas être coupable". Mais, plusieurs dirigeants du PS - dont le premier secrétaire par intérim Harlem Désir - considèrent déjà qu’il n'est plus qu'un "boulet moral" dans la course à la présidentielle. Ils ont par conséquent demandé son retrait dans le cas d'une mise en examen.

Une réaction tardive : l’affaire empoisonne, en effet, le PS depuis des mois déjà. En mars, une commission dirigée par l'ancien ministre de la Défense Alain Richard avait même été chargée de régler ce sujet embarrassant avant le début de la primaire socialiste. Elle préconisait notamment le retrait des élus mis en examen en même temps qu'une rénovation complète de l'organisation anciennement dirigée par Jean-Noël Guérini, une puissante fédération du PS qui jouera un rôle important dans la primaire.

L'homme était alors gravement mis en cause dans un rapport rendu public début mars par le député socialiste Arnaud Montebourg, qui dénonçait le "système de domination sans limite" et de "clientélisme féodal" qui l'entourerait.