Guéant: l'allusion au nazisme d'un député

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C.B avec AFP , modifié à
La question d'un député PS sur les "civilisations" a provoqué l'ire du gouvernement et une suspension de séance.

Les propos de Claude Guéant continuent de faire des vagues. La séance à l'Assemblée nationale a été levée, mardi après-midi, après que le député socialiste Serge Letchimy a établi un lien entre les déclarations de Claude Guéant sur les civilisations et le "régime nazi", provoquant le départ du gouvernement, puis des députés UMP en masse.

Guéant accusé de récupérer l'électorat FN

Le député apparenté PS de Martinique a provoqué l'indignation de François Fillon en lui posant une question, en termes très virulents, sur les propos de son ministre de l'Intérieur qui avait déclaré samedi dernier que "toutes les civilisations ne se valent pas".

"Vous, Monsieur Guéant, vous privilégiez l'ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration", a-t-il déclaré sous les huées des députés de la majorité. "Monsieur Guéant, le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ?", a lancé l'élu, qui dirige le Parti populaire martiniquais (PPM), créé par Aimé Césaire.

Il a ensuite accusé le ministre de l'Intérieur de chercher à "récupérer" une part de l'électorat du Front national en flattant "une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque". "C'est un jeu dangereux", a-t-il dit.

"C'est insupportable", a alors lâché François Fillon, qui d'un signe de la main a prié les membres du gouvernement de se lever. Ces derniers ont donc quitté la séance des questions au gouvernement. Les députés UMP ont suivi dans la cohue, tandis que des huissiers de l'Assemblée établissaient un cordon entre les bancs de l'opposition et ceux de la majorité.  

Le président de l'Assemblée UMP, Bernard Accoyer, a vainement appelé au calme, puis demandé au ministre des relations au Parlement, Patrick Ollier, resté seul au banc du gouvernement, "si cette intervention appelait une réponse du gouvernement". En l'absence de réponse et alors que l'effervescence ne diminuait pas dans l'hémicycle, il a levé la séance. Trois quarts d'heure plus tard, à 16h20, la séance a repris.

Regardez les images de l'Assemblée nationale :

"Des comparaisons qui font honte"

Dans un communiqué publié immédiatement après l'incident, le Premier ministre François Fillon a demandé aux responsables de l'opposition de condamner les propos de Serge Letchimy sur Claude Guéant.  "Il est des comparaisons qui font honte à ceux qui les professent. La France est une démocratie, un Etat de droit dans lequel la parole libre ne saurait servir à salir même un adversaire politique", souligne le Premier ministre. "Le martyre des victimes de la seconde guerre mondiale ne doit pas être galvaudé pour des raisons partisanes", ajoute-t-il.

Dans les couloirs, le président des députés UMP, Christian Jacob, a réclamé des "excuses" après ces "propos prémédités" de Serge Letchimy. Le député a, quant a lui, rétorqué qu'il ne ferait "aucune excuse publique" et que c'était à au ministre de l'Intérieur de "s'excuser" pour ses propos.

"On ne peut pas se taire"

Interrogé par LCP après ses propos contre Claude Guéant, le député PS a justifié son intervention, rapporte FTVI. "Vous avez une déclaration (de Claude Guéant, ndlr) qui est extrêmement bien conçue, bien pensée, qui considère que toutes les civilisations ne se valent pas. (…) On ne peut pas se taire lorsqu'on entend ce genre de propos, on ne peut pas se taire lorsqu'on est un enfant de ce processus ignoble qui est l'esclavage", a-t-il commenté.

Le président de la région Martinique est revenu sur l'incident auprès de LCP :

Serge Letchimy s'explique.par LCP

"Monsieur Guéant tient depuis longtemps des propos selon lesquels les civilisations ne se valent pas. S'il pense à l'Afrique, aux pays du Sud, qu'il le dise", a réagit Serge Letchimy sur BFMTV avant de poursuivre : "Un enfant de la Martinique issue de la colonisation ne peut pas accepter de tels propos".

Cet incident pourrait se retourner contre le PS. Lundi, Benoît Hamon, porte-parole du parti avait en effet affirmé qu'il ne souhaitait pas polémiquer sur la sortie de Claude Guéant, préférant se concentrer sur le bilan de Nicolas Sarkozy.