Grenades : la France avait donné son accord

François Fillon admet dans une lettre à Jean-Marc Ayrault que du matériel devait être livré à la Tunisie.
François Fillon admet dans une lettre à Jean-Marc Ayrault que du matériel devait être livré à la Tunisie. © Reuters
  • Copié
avec Walid Berrissoul
François Fillon admet dans une lettre à Jean-Marc Ayrault que du matériel devait être livré à la Tunisie.

 

La France a voulu aider Ben Ali. François Fillon le reconnaît dans un courrier adressé au patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault. La France a bien donné son accord pour livrer des grenades lacrymogènes à la Tunisie de Ben Ali. Il s’agit du matériel intercepté à Roissy le 14 janvier, à la veille de la fuite du dictateur vers l’Arabie saoudite.

 

Les sept tonnes de grenades, mais aussi des boucliers et des tenues avaient été interceptés par les douaniers. Une commande passée par le régime tunisien auprès d’une société française et qui devait impérativement être validée par le gouvernement français.

 

Quatre autorisations données

 

Selon le courrier adressé au patron des députés socialistes, quatre autorisations ont été délivrées pour la livraison de ce type de matériel. Deux ont été données le 8 novembre, deux autres, le 12 janvier, soit le lendemain des déclarations faites par Michèle Alliot-Marie dans lesquelles la ministre des Affaires étrangères proposait "le savoir-faire français" à la Tunisie, en matière de maintien de l’ordre.

 

Dans sa lettre, François Fillon explique que "l’administration des douanes a interrogé le ministère des Affaires étrangères afin d'établir si, compte tenu du pays de destination, l'avis sans objection formulé par ce ministère devait ou non être considéré comme maintenu". Ce n'est que le 18 janvier, quatre jours après le départ de Zine ben Ali, que la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a définitivement suspendu les autorisations officielles de livraison de grenades à la Tunisie.

 

"Révélateur d’un soutien jusqu’au bout"

 

Pour Jean-Marc Ayrault, il n’y a aucun doute, la France avait l’intention d’aider Ben Ali jusqu’au bout. "Ca explique aussi sans doute, ce que certains avaient appelé une bévue, qu’en pleine crise tunisienne, elle [Michèle Alliot-Marie] a fait des offres de service à la Tunisie en matière d’ordre public", estime le socialiste interrogé sur Europe 1. "C’est vraiment révélateur d’un soutien jusqu’au bout à un régime policier et corrompu", ajoute-t-il.

Michèle Alliot-Marie a assuré que la coopération policière avec Tunis avait toujours été exclusivement "institutionnelle". La ministre des Affaires étrangères tente donc toujours de justifier ses propos et sa position. Mais une nouvelle information, du Canard Enchaîné, la plonge une fois de plus dans l’embarras. La ministre des Affaires étrangères aurait voyagé, lors de ses vacances de Noël, à bord du jet privé d’un proche de Ben Ali. Mais le compagnon de Michèle Alliot-Marie, le ministre Patrick Ollier, affirme que l’homme d’affaires tunisien n'est pas un proche du président déchu Zine Ben Ali, mais un homme rejeté par le régime.