Grèce : réagir ou pas, le dilemme d'Hollande

Référendum grec : Hollande a tardé à faire connaître sa position
Référendum grec : Hollande a tardé à faire connaître sa position © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Le candidat socialiste a mis plus de 24 heures à donner sa position sur le référendum grec.

"Apparemment, "la présidence normale", ça consiste à ne rien dire en cas de crise", tançait un internaute, tandis qu'un second raillait : "Sinon, Hollande aurait quelque chose de consistant à dire sur la Grèce ? Il est toujours candidat à la présidentielle ?". Mercredi matin, une volée de bois vert a accueilli, sur le web, la très tardive réaction d'Hollande sur le référendum grec.

Le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 a, en effet, attendu deux tours d’horloge avant d’envoyer, mardi soir, un communiqué commun avec Martine Aubry donnant sa position sur la crise grecque.

Dans ce court texte - de quatre petits paragraphes seulement -, les deux leaders socialistes estimaient que l'annonce surprise de Georges Papandréou traduisait "un défaut de gouvernance de la zone euro". Pour eux, "l'Europe a agi trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop durement sur le plan économique et social". On a vu plus virulent.

Se faire discret …

Reste que cette prise de position, peu tranchée et arrivant après celle des autres leaders de l'opposition comme Mélenchon, symbolise tout le dilemme du candidat socialiste, désormais "officiellement investi pour 2012", mais pas franchement en campagne.

Dans ce contexte, réagir modérément aux grands événements est-ce la bonne stratégie pour Hollande ? "Oui. Dans l’absolu, il doit rester silencieux dans cette période d’après-primaire", explique à Europe1.fr Gaël Sliman, directeur du département Opinions de BVA. "François Hollande vient de bénéficier d’une très belle séquence médiatique. La logique voudrait qu’il se fasse désormais discret", analyse le sondeur.

... sauf cas graves

Selon lui, tout le dilemme pour François Hollande est donc de continuer à faire campagne, sans entrer de plein pied dans celle-ci. "Il ne doit pas dévoiler trop tôt son projet. Pas avant la fin de l’année. Par conséquent, le candidat socialiste ne doit s’exprimer que cas particulièrement gravissime. Or… le référendum grec consiste un de ces cas particuliers", explique Gaël Sliman.

Si François Hollande ne s’exprime sur ces sujets, il risque d’apparaître comme un candidat incapable de prendre des décisions dans l’urgence - ce dont est généralement crédité son adversaire Nicolas Sarkozy -, qui n’a rien à dire, rien à proposer. En somme, "l’opinion ne comprendrait pas pourquoi il ne se positionne pas, lui qui estime pouvoir gérer la France dans six mois", note le politologue de BVA qui attribue toutefois un bon point au candidat socialiste : en répondant conjointement avec Martine Aubry, François Hollande "essaie de montrer que le parti et le candidat de 2012 sont unis", pour ne pas reproduire les erreurs de 2007.