Grand emprunt : satisfaction à droite, circonspection à gauche

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La crainte majeure au sein de l’opposition est que l’emprunt n’ajoute de la dette à la dette.

"Le grand emprunt nous réserve un grand avenir." Xavier Bertrand s’est dit satisfait par les annonces de Nicolas Sarkozy, lundi, concernant les priorités et les modalités du grand emprunt de 35 milliards d’euros. Toute la majorité a réagi à l’unisson du secrétaire général de l’UMP, pour qui "amener les responsables politiques à réfléchir à 10 ans, à 15 ans, à 20 ans, c’était indispensable".

Patrick Ollier, président (UMP) de la commission des Affaires économiques, a jugé que le grand emprunt permettait "de valider un nouveau modèle de croissance dont les critères ne seront plus uniquement économiques mais aussi écologiques, sociétaux". Christian Estrosi s’est félicité de ce que "l'industrie et les PME soient l'une des cinq priorités du grand emprunt". Le Nouveau centre s’est réjoui du "montant raisonnable du grand emprunt", et de "l'affectation du grand emprunt vers des investissements créateurs de richesse".

"Un emprunt, c'est de la dette supplémentaire", a réagi le Parti socialiste par la voix du président de la commission des Finances, Didier Migaud. Le PS ne conteste pas les priorités, qui "paraissent correspondre à des investissements nécessaires, longtemps oubliés", mais juge "les modalités de cet emprunt contestables". "Pourquoi devons-nous rechercher 35 milliards d'emprunt supplémentaires alors que nous aurions pu ne pas perdre de la recette ?", s’est interrogé Didier Migaud, en évoquant "la TVA sur la restauration, des droits de succession, ou le bouclier fiscal".

Du côté de l’extrême-gauche, le Parti communiste a estimé que "sous couvert de ‘campus d'excellence’, de ‘filières d'excellence’, ‘d'internats d'excellence’, il s'agit de financer des stratégies pilotées par les seuls intérêts des grands groupes de l'industrie et de la finance". Quant à Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, il a dénoncé "une grande illusion", préparant "de nouvelles coupes sombres dans les services publics, puisque les ministères devront financer les intérêts de l'emprunt par des économies et donc des suppressions de postes".

Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, a qualifié le grand emprunt de "dernière cartouche" de Nicolas Sarkozy. Il s’agit, selon elle d’un "saupoudrage qui n'aura aucune conséquence sur la dégradation continue de l'économie". Jean-Marie Le Pen a jugé de son côté que "déguiser le grand emprunt en ‘investissements’ ne masque pas qu'il s'agit d'une fuite en avant, particulièrement irresponsable dans le contexte actuel".

Les Verts ont jugé le grand emprunt "en-dessous des attentes" et "à côté des enjeux" et relèvent que "les priorités annoncées semblent avoir été piochées dans un catalogue d'idées à la mode, sans véritable ligne directrice ni cohérence entre elles". Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), a raillé "un petit emprunt pour un grand battage médiatique". Mais la palme du bon mot revient à Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS, qui a ironisé sur le "caractère éminemment emprunté" de l’intervention de Nicolas Sarkozy.

Enfin, aucun syndicat n'a été convaincu par les annonces du chef de l'Etat. La CGT a affirmé son "hostilité" à un "endettement supplémentaire de l'Etat, alors que les cadeaux fiscaux aux contribuables les plus riches n'ont cessé de s'accumuler depuis deux ans". FO a regretté l'absence de tout volet social dans cet emprunt, dans lequelle elle a vu "un prétexte supplémentaire à la remise en cause des services publics". Quant à la CFTC, si elle a déclaré "souscrire" aux cinq priorités fixées, elle a regretté que "ce grand emprunt ne vienne pas en complément d'un vrai plan de relance destiné à pallier la destruction massive d'emplois".

> Grand emprunt : les cinq priorités de Nicolas Sarkozy