Gouvernement : au sein de LR, le débauchage fait des vagues

Gérald Darmanin 1280
© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Aurélie Herbemont et Arthur Helmbacher, édité par R.Da.
La présence de deux ministres issus des rangs LR dans le nouveau gouvernement n'a pas manqué de susciter la colère des militants de droite, quand les élus cherchent à relativiser.

Bruno Le Maire et Gérald Darmanin vont être exclus des Républicains après avoir rejoint le gouvernement d'Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre, lui aussi mis au ban de sa famille politique d'origine. Ces nominations fracturent un peu plus une droite lourdement pénalisée lors de la présidentielle, même si les responsables du parti veulent relativiser la situation.

Les "alibis" d'Emmanuel Macron. "Tout ça pour ça, ils ne sont que trois, ce n'est pas l'hémorragie", minimise un député, quand un autre dénonce "des jeunes impatients qui vont à la gamelle". "Ce sont des alibis qui demain seront les otages de la politique d'Emmanuel Macron", tacle encore un sarkozyste. Dans les rangs LR, les surnoms à l'attention des déserteurs circulent déjà : "monsieur 2%" pour Bruno Le Maire, en référence à son score lors de la primaire de la droite, ou encore "le ministre des mauvaises nouvelles" pour Gérald Darmanin, qui sera chargé d'annoncer la hausse de la CSG et la baisse du nombre de fonctionnaires.

Vers une fuite des élus ? La droite a, en tout cas, trouvé son axe de campagne pour les législatives : elle va insister sur sa promesse de baisser de 10% l'impôt sur le revenu, afin de mettre en porte-à-faux les ministres de droite d'Emmanuel Macron. Un dirigeant se plait ainsi à rappeler que Bruno Le Maire promettait lui de baisser la CSG pendant la primaire. Le locataire de Bercy se verra aussi affronter un candidat LR aux législatives. "Emmanuel Macron a promu des hommes de droite à trois postes clés, et il y en aura d'autres après les législatives", parti un homme de droite Macron-compatible.

Des militants en colère... François Baroin, chargé de conduire la bataille des législatives pour LR, s'est montré quant à lui plus mesuré à l'occasion d'un meeting mercredi à Marly, dans la banlieue de Metz. Dans la foule, la nomination du nouveau gouvernement n'a pourtant pas manqué de faire réagir. À commencer par un groupe de militants lorrains retraités assis au premier rang, qui se disent proches de Nadine Morano. "Pour moi, ce sont des faux-culs !", lâche, furieuse, l'une d'entre eux. "En plus, ce ne sont pas forcément de grosses prises. Ils ont pris Bruno Le Maire qui a fait 2% à la primaire. Emmanuel Macron a pris des loosers, j'espère que la France ne sera pas perdante dans l'affaire", renchérit un autre.

... et désorientés. À la tribune, le maire de Troyes préfère évacuer rapidement la question : "Ils sont  partis. C'est leur choix, laissons-les…" Mais dans la salle, les cas de Bruno Le Maire et de Gérald Darmanin divisent les esprits. "Personnellement, je suis très content qu'il soient éliminés du parti des Républicains", explique un militant. "Je ne suis pas du tout d'accord", interrompt aussitôt une électrice. "On a l'impression que la France est ingouvernable. On a la chance d'avoir un président de la République dont on est fier. Enfin, un homme à la hauteur, intelligent, brillant… tant mieux pour la France !". Un troisième résume finalement  la situation : "On est complètement perdus parce que ce Macron-là, il sème la zizanie".