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A.D , modifié à
Le politologue Gérard Grunberg, spécialiste de la gauche, se montre très pessimiste sur l'avenir du PS. Pour lui, le candidat du parti issu de la primaire pourrait arriver 5e au premier tour de l'élection présidentielle, même après la renoncement de François Hollande.
INTERVIEW

Il l'a annoncé solennellement jeudi soir : François Hollande ne sera pas candidat à sa propre succession à la tête de l'Etat. Une première dans la Ve République. Gérard Grunberg, politologue spécialiste de la gauche, était l'invité de l'émission C'est arrivé cette semaine. Il analyse notamment la possibilité que cette annonce puisse permettre de sauver le PS.

"Très difficile de sortir indemne d'un quinquennat". La décision a été prise "très tard", souligne le politologue, qui s'attendait à une telle sortie. "Non seulement, il ne pouvait pas rassembler la gauche, on le savait depuis longtemps, mais il ne pouvait pas rassembler le PS, et on le savait depuis un certain temps aussi. Il ne savait même plus rassembler ses amis, mais ça on le savait depuis peu de temps, depuis ce fameux livre dont tout le monde a parlé", Un président ne devrait pas dire ça.

Le politologue ne loue pas la modernité de cette annonce mais se montre pragmatique face à la période économique actuelle : "C'est très difficile pour un président de sortir à peu près indemne de son quinquennat." Il ne s'agit pas, pour lui, que d'une lucidité politique : "Ce qui l'a décidé, c'est qu'il était trop seul. Qui l'aurait aidé ?"

"Ce n'est plus le parti qui mène le jeu mais les individus". Faible espoir pour le PS : la primaire du parti pourrait remobiliser un peu les électeurs. "On devrait enfin avoir ce débat, que l'on n'a pas depuis 40 ans au parti socialiste", à savoir répondre à une grande question : "quel type de politique, notamment économique, faut-il mener ? Si on l'a, ça peut mobiliser contre et pour. Cela peut aussi avoir le résultat de casser le parti. Ce n'est plus le parti qui mène le jeu mais les individus. Mélenchon vient de tuer le PC. Macron va faire du mal au PS. Madame Duflot a tué à moitié Les Verts. Macron est peut-être en avance dans son idée que la forme 'parti' qu'on a connue à gauche depuis 100 ans est en crise. Il se peut que le PS se casse en deux ou qu'il devienne un petit parti."

"Ne pas oublier qu'on est un régime parlementaire". Le candidat du PS issu de la primaire socialiste ne pourrait pas, selon le spécialiste, être second au premier tour de l'élection présidentielle. "Il faudrait que le parti soit plus uni, que le candidat porte vraiment des choses. Pour l'instant, je pense qu'il y a des chances que ce candidat arrive 5e. Quand Montebourg dit qu'il va tendre la main à Mélenchon, qu'est ce que ça veut dire ? Quand les socialistes iront chez Macron, qu'est ce qu'il restera du PS ?"

Le morcellement du parti l'interroge au-delà même de la présidentielle. "Tous ces gens qui ne veulent pas de parti n'en auront-ils pas besoin quand on aura les élections législatives ? Il ne faut pas oublier qu'on est un régime parlementaire. Il se peut que tous ces grands hommes se retrouvent avec dix députés à l'Assemblée nationale."