Gens du voyage : le dérapage du député-maire de Cholet

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Le maire UDI de Cholet a évoqué Hitler après l’arrivée de gens du voyage dans sa commune. Borloo condamne.

 L’INFO. Polémique à Cholet. Le député-maire UDI Gilles Bourdouleix a dérapé verbalement lors d'une rencontre avec des gens du voyage. L'objet de sa fureur : le terrain qu’il loue à deux jeunes exploitants a été investi par 150 caravanes appartenant à des gens du voyage, raconte le Courrier de l’ouest.

"Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez…" Dimanche soir, escorté par la police, l’élu  vient à la rencontre des gens du voyage, qui appartiennent tous à la mission évangélique Vie et Lumière. "Pour moi, c’est une secte cette mission",  assène-t-il en guise d’échauffement. La suite de l’échange est d’un autre acabit. Énervé par des saluts nazis de gens du voyage présents à ce moment là, Gilles Bourdouleix dérape : "comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez…"

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Interrogé par le journaliste du quotidien local sur cette saillie prononcée du bout des lèvres, l’édile assume: "vous faire traiter d’Hitler, vous croyez que c’est agréable ? On se fait injurier à longueur de temps." Et enfonce même le clou, accusant en creux, et de façon alambiquée, les gens du voyage de consanguinité : "l’autre jour, ils me traitaient de pédophile. Alors qu’eux, la moitié des enfants sont entre pères, grands-pères…". Tous ces propos ont été rapportés par le Courrier de l'Ouest dans l'édition de lundi.

Mais lundi, contacté par le Lab, Gilles Bourdouleix accuse Le Courrier de l'Ouest "d'avoir totalement déformé ses propos" et compte "déposer plainte, dès ce matin, contre le journal, le journaliste et tous les médias qui relaieraient cette fausse citation". L'élu assure également ne pas "du tout" avoir lancé "Comme quoi, Hitler n'en a peut-être pas tué assez..." mais avoir dit, "à voix basse" : "si c'était Hitler, il les tuerait tous, ici." Également contacté par nos collègues du Lab, Fabien Leduc, l'auteur de l'article du Courrier de l'Ouest, maintient l'intégralité de ses informations. Et pour le prouver, il a publié en début d'après-midi un enregistrement audio confondant pour l'élu, comme vous pouvez le constater à la 20e seconde :

L'UDI condamne. La réaction de la direction de l'UDI était attendue. Elle n'a pas tardé. Quelques minutes seulement après la mise en ligne de cet enregistrement qui accrédite le contenu de l'article du journaliste, Jean-Louis Borloo a transmis un communiqué aux rédactions. "Quelques soient les provocations bien réelles et inacceptables dont a été victime le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, rien ne justifie pour autant les propos qui auraient été apparemment tenus par ce dernier, à en croire le son mis en ligne par le Courrier de l’Ouest cet après-midi. Je les condamne de la manière la plus formelle et saisit le comité exécutif de l’UDI pour les suites inévitables à donner. Jean-Christophe Lagarde, vice-président de l'UDI, est plus clair encore :

Une exclusion mercredi. Jean-Christophe Lagarde a estimé mardi sur Europe 1 que l'exclusion de l'UDI du député-maire de Cholet Gilles Bourdouleix, après son dérapage sur Hitler et les gens du voyage, était acquise."Naturellement une sanction sera appliquée. Cette sanction ne peut être que l'exclusion. Je souhaite qu'elle soit votée dès mercredi soir par le Comité exécutif national de l'UDI", a-t-il indiqué. Jean-Christophe Lagarde, justifie en effet cette exclusion en expliquant que ces propos sont "intolérables, inacceptables et totalement incompatibles avec les valeurs que portent l'UDI."

Pour le vice-président de l'UDI, un élu se doit de garder son sang-froid, même en cas d'attaque virulente. "C'est évidemment un dérapage sous le coup de la colère. Mais il m'est arrivé d'être confronté à des situations tendues de ce type là, avec des gens du voyage qui ont l'habitude de dire aux élus de la République, aux policiers, aux magistrats, qu'ils sont des héritiers du nazisme. Pour autant, un élu doit savoir se contenir et de tels mots ne sortent pas de la bouche par hasard", estime-t-il sur Europe 1.

"Des sacs de merde, vous allez en ramasser". Gilles Bourdouleix estimait pourtant être dans son rôle car "on ne peut pas être digne du mandat qu’on nous a confié si on n’est pas capable de faire appliquer la loi." La loi impose justement aux élus d’offrir un terrain aux gens du voyage. "Si vous voulez qu’on se déplace, on se déplace. Dites nous où on doit aller", lui avait rétorqué le pasteur Giovanni, porte-parole de cette mission évangélique, qui avait promis de dédommager les deux exploitants dont il squatte les cinq hectares.

Comme le terrain proposé par le maire ne dispose que de 30 places, les gens du voyage réclamaient la possibilité de s’installer sur "l’aire de grand passage" de la route du Puy-Saint-Bonnet. Et Gilles Bourdouleix de répliquer en assurant que "22 sacs de merde" avaient été ramassés la dernière fois par les agents de la ville. "Bon bah des sacs de merde, vous allez en ramasser alors", a rétorqué la foule des gens du voyage, excédée.