Front national : le jour où Marine Le Pen joue son va-tout

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Antonin André
Après des élections présidentielle et législatives décevantes pour Marine Le Pen, c'est une petite révolution qui attend le FN sur le fond comme sur la forme lors du séminaire de refondation du parti.
EDITO

C'est une révolution nécessaire, mais tardive. Trop tardive. Il y a un peu plus d'un an déjà, le FN se réunissait à huis clos pour un séminaire sur la ligne politique. L'enjeu : abandonner ou non la sortie de l’euro, véritable épouvantail électoral susceptible de détourner l'électorat âgé du vote FN. Marine Le Pen avait alors tranché en faveur du maintien de la sortie de l'euro, défendu par Florian Philippot, pour la présidentielle. Stratégie perdante qui a conduit la candidate du Front national dans le mur lors de son face-à-face d'entre-deux tours. Le parti y a perdu sa crédibilité économique.

Couper définitivement les liens avec le père. L'euro, c'est le sparadrap du capitaine Haddock dont Marine Le Pen veut désormais se débarrasser. Mais ça ne s'arrêtera pas là. Il faut tout changer : la ligne comme le nom. La marque FN, datée et associée au patriarche Jean-Marie Le Pen, est jugée, elle aussi, en partie responsable de la défaite de la candidate frontiste aux élections. Le FN est mort, vive son successeur… dont il reste maintenant à trouver le nom.

Un saut dans le vide pour quelles conséquences ? Si cette révolution est en marche, pour Marine Le Pen, c'est un peu un saut dans l'inconnu. 2017 sera-t-elle l'année du déclin ou celle de la relance ? Marine Le Pen et son mouvement ont-ils atteint leur sommet avant la descente, ou est-ce que cette révolution de nom, de ligne, lui permettra de se rapprocher un peu plus du pouvoir ? Marine Le Pen a déjà abandonné un certain nombre de références du parti formé par son père, comme l'interdiction de l'avortement ou le rétablissement de la peine de mort. Les sujets de société, les valeurs, ne sont plus les piliers du mouvement.

Une responsabilité à endosser. En changeant de nom, et en remettant en cause la priorité au retour à la souveraineté monétaire, Marine Le Pen entreprend la transformation définitive et sans retour du FN. Elle en assumera donc le choix et en récoltera les fruits ou les échecs devant les électeurs. Elle joue là, d'une certaine façon, sa dernière carte.