François Hollande part à la reconquête de sa gauche

© Christophe Ena / AFP
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M.B. et David Doukhan
OPÉRATION SÉDUCTION - Le président, qui semble coupé de sa base électorale, multiplie les rencontres avec les élus socialistes.

Après l'épisode de la loi El Khomri, qui s'est attirée les foudres d'une grosse partie de la gauche, et alors que le débat sur la déchéance de nationalité revient sur le devant de la scène au Sénat, François Hollande semble, plus que jamais, coupé de sa base électorale. Les appels à la primaire et les procès en droitisation se multiplient sur sa gauche, tandis que le président est au plus bas dans les sondages. Une situation qui inquiète le chef de l'Etat, bien décidé à redresser la barre.

Les responsables de la majorité sur le pont. Mercredi soir, François Hollande a dîné avec les plus hauts responsables de sa majorité. Autour de la table, le fait que des socialistes manifestent dans la rue contre un gouvernement socialiste ne manque pas d'être abordé, et tout le monde s'est accordé à dire qu'il y a là un vrai sujet. Naturellement, les regards se sont tournés vers Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS et tout indiqué pour s'occuper de la gestion de cette crise. Mais le problème reste le président et sa politique. Il faut que François Hollande donne des signes.  

Dîners et commémorations historiques. Le président le sait. Il a donc déjà multiplié les rencontres avec les élus locaux du PS. Deux dîners ont eu lieu, l'un avec les élus du Lot, la semaine dernière, et un autre avec ceux d’Aquitaine, la semaine précédente. Mardi soir, les parlementaires ont été reçus à l'Elysée pour un apéritif. Chaque rencontre est l'occasion, pour François Hollande, de rassurer et convaincre chacun que rien n’est perdu. Le chef de l'Etat va également, de nouveau, se servir des commémorations historiques. Il prononcera un grand discours, en mai prochain, pour les 80 ans du Front Populaire de 1936. Tout un symbole pour la gauche.

Le contre-modèle Jospin. Une anecdote illustre bien la volonté du président de soigner les socialistes. Dans son interview au magazine Elle, il avait déclaré être "féministe ! Et toujours socialiste". Cette dernière phrase, c'est François Hollande lui-même qui l’a rajoutée, à la main, à la relecture. Avec en tête la sortie de Lionel Jospin, qui avait dit en 2002 que son projet était "moderne" mais "pas socialiste". Le candidat à la présidentielle ne s'en était jamais relevé. François Hollande ne veut pas subir le même sort.