François Hollande, l’Algérien

© Reuters
  • Copié
, modifié à
RÉCIT - Pendant deux jours, le président sera en Algérie. Un pays particulier pour lui.

Une visite passionnelle. En Algérie, on ne parle plus que de ça, ou presque : le président français sera en visite officielle pendant deux jours, mercredi et jeudi, afin de relancer la coopération entre les deux pays. Mais aussi tourner la page d’une histoire mouvementée entre les deux pays.Et particulière pour François Hollande.

L’origine de son engagement en politique. Né en 1954, soit l’année du déclenchement de la guerre d’Algérie, François Hollande s’est très vite passionné pour le sujet. La raison ? La prise de position de son père en faveur de l’Algérie française, ce que le chef de l’Etat a révélé lors de sa campagne électorale dans son livre Changer de destin, publié en février 2012. Un conflit idéologique plus que de génération qui le poussera à se lancer en politique. "Ses idées, à l'opposé des miennes, m'obligèrent à construire ma pensée, à affûter mes arguments (...) Il professait des convictions qui heurtaient celles qui naissaient dans mon esprit".

Dans Devoirs de vérité, publié en 2006, celui qui est alors premier secrétaire du Parti socialiste se montrait déjà sévère envers la SFIO, - le Parti socialiste d’alors - qui "a perdu son âme dans la guerre d'Algérie".

RTR336S6

Sa vie à Alger. François Hollande connait bien l’Algérie, et pour cause. En 1978, le jeune élève de l’ENA qu’il est alors est envoyé en stage à l’ambassade de France à Alger, pour huit mois. "Je crois savoir qu'il avait beaucoup apprécié ce stage. C'est un pays qu'il aime. A chacun de ses déplacements, on a pu constater qu'il avait une relation un peu particulière, privilégiée. Pas seulement avec les responsables politiques, mais aussi avec la population", a confié Kader Arif, ministre des Anciens combattants né en Algérie, au JDD.fr. Le virus algérois coule désormais dans les veines de François Hollande.

Il revient à Alger, en juillet 2006, cette fois-ci en tant que premier secrétaire du PS et personnalité de l'opposition. Il y est reçu avec tous les égards par le président Abdelaziz Bouteflika et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem.

En décembre 2010, il répond à l'invitation du FLN, avec la présidentielle française en ligne de mire. "C’est un passage obligé... avant 2012", confiait-il alors.

La reconnaissance de la répression du 17 octobre 1961. En ce triste jour pour les Algériens de France, une manifestation d’indépendantistes algériens - qui défilaient en dépit d'un couvre-feu – avait été réprimée dans le sang par la police, dirigée par le préfet de l'époque Maurice Papon. Selon les historiens, plusieurs centaines de personnes trouvèrent la mort, mais les autorités avaient jusque là toujours gardé le silence. François Hollande l’a rompu en assurant que "la République reconnaît avec lucidité ces faits". Une prise de position qui a scandalisé la droite française, et ravit les autorités algériennes. Le voyage de François Hollande en est la suite logique. Ce qui explique pourquoi il est tant attendu.

>> A LIRE AUSSI : 17 octobre 61, Hollande "reconnaît les faits"