François Fillon et le casse-tête de l'assurance maladie

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Antonin André avec M.B.
En annonçant la fin du remboursement de certains soins, François Fillon s'est mis dans une posture difficile. Non seulement il risque de perdre un électorat populaire, mais une partie de ses soutiens ne le suit pas sur ce terrain.

C'est Gérard Larcher, le sage président du Sénat, très branché avec les syndicats, qui a alerté François Fillon. Il faut impérativement rassurer les Français sur certaines mesures prévues dans son programme sur la santé. Le vainqueur de la primaire de la droite a en effet annoncé la fin du remboursement de certains soins, couplée avec une prise en charge accrue des mutuelles. 

Les Français attachés à la Sécu. Des annonces potentiellement explosives : selon un récent sondage Odoxa, les Français sont très attachés à la couverture de la Sécurité sociale. Le système de la Sécu est, pour 84% d'entre eux, jugé bon et surtout meilleur que celui des autres pays. Logiquement, neuf personnes sur dix ne veulent pas qu'on toucher aux dépenses publiques en matière de santé.

Risque de perdre l'électorat populaire. Flairant là un risque pour François Fillon de perdre un électorat populaire et rural, ses proches le pressent de préciser que oui, la bronchiolite des enfants sera toujours prise en charge, comme l'appendicite du frère ou le traitement anti-dépresseur d'un parent isolé. Bernard Accoyer, ancien médecin et élu de province, s'inquiète comme Gérard Larcher de l'effet dévastateur d'un manque de pédagogie. Il faut, selon lui, une "clarification". Et celle-ci aura lieu : François Fillon a prévu de s'exprimer mardi prochain devant le groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale. 

Trop tard pour corriger le tir. D'ici à la présidentielle, François Fillon peut encore corriger son projet. Mais le mal est peut-être déjà fait. Il restera, en dépit de toute précision, une marque indélébile au sein d'une partie des électeurs, pour lesquels le candidat de droite veut faire des économies sur leur santé. La force de la Sécurité sociale, c'est son caractère universel : "chacun paie selon ses moyens et reçoit selon ses besoins." La remettre en cause, c'est s'attaquer à un pilier de la solidarité nationale, à la garantie d'un boucler pour les plus fragiles.

Le FN en embuscade. L'effet est potentiellement dévastateur auprès de classes populaires auxquelles François Fillon parle déjà peu. Ainsi, quand il parle de remettre la famille au coeur des politiques publiques, il n'a pas de propositions sur le problème spécifique des familles monoparentales. Ces derniers sont absentes de son programme. Et, en embuscade, on retrouve le Front national qui progresse à chaque scrutin dans les classes modestes. Aujourd'hui, c'est le parti frontiste qui se pose en défenseur du modèle de la Sécurité sociale hérité du Conseil national de la Résistance et du Général de Gaulle.