François Fillon : ces quelques questions qui restent après sa conférence

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© Martin BUREAU / AFP
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Le candidat de la droite à la présidentielle s'est expliqué devant la presse, lundi, démentant toute transgression de la loi. Mais des zones d'ombre restent à éclaircir.

Il s'est présenté un peu en retard sur l'horaire prévu, la mine grave et sérieuse, avant de dérouler un argumentaire ciselé pour assurer une défense jusqu'ici assez chaotique. François Fillon a reconnu une "erreur" morale, lundi, lors d'une conférence de presse, et présenté ses "excuses aux Français" pour l'emploi, comme collaborateurs parlementaires, de sa femme et ses enfants.

Pas question, en revanche, de reconnaître une quelconque transgression de la loi. Droit dans ses bottes, François Fillon a martelé qu'il ne s'était livré qu'à des activités "légales". Et certifié qu'il serait bien le candidat de la droite à la présidentielle. "Rien ne me détournera", a-t-il assuré. En dépit d'une défense globalement mieux ficelée que ces dernières semaines, plusieurs questions se posent encore.

Pourquoi sa femme a-t-elle dit qu'elle n'avait "jamais été son assistante" ?

Dans une interview réalisée en 2007 par la journaliste britannique Kim Willsher, Penelope Fillon assurait qu'elle n'avait "jamais été [l']assistante" de son mari "ou quoi que ce soit de ce genre". Réutilisée dans l'émission Envoyé Spécial ce jeudi, ce document a fragilisé la défense de François Fillon, accusé d'avoir détourné de l'argent public en donnant à son épouse un emploi fictif de collaboratrice parlementaire.

Lundi, lors de sa conférence de presse, François Fillon a justifié les propos de Penelope. "Oui, elle n'a jamais été ma subordonnée, elle a toujours été d'abord et avant tout ma compagne de travail", a-t-il expliqué. "Elle a fait cette déclaration, reprise dans une émission à charge, où on a sciemment pris des morceaux de phrases retirés de leur contexte." Une défense qui a bien du mal à convaincre.

Surtout que François Fillon a tenu à "préciser que la journaliste" Kim Willsher "s'est manifestée personnellement auprès de [Penelope Fillon] pour lui dire à quel point elle avait été choquée de l'utilisation qui avait été faite de ces propos". Or, cela a immédiatement été démenti par la journaliste elle-même auprès de Libération. "Je tiens à le dire très nettement : je n'ai jamais dénoncé l'enquête d'Envoyé Spécial. Ils ont fait leur boulot."

Y'a-t-il eu trafic d'influence ?

François Fillon s'est défendu pied à pied sur l'emploi de sa femme et ses enfants comme collaborateurs parlementaires. En revanche, il n'a rien dit –et n'a pas été interrogé sur- l'affaire de La Revue des Deux Mondes, à laquelle Penelope Fillon aurait contribué contre une rémunération brute d'environ 100.000 euros. Or, selon Le Monde, les magistrats du parquet national financier enquêtent aussi sur un potentiel trafic d'influence lié à cette activité. Car François Fillon a élevé Marc Ladreit de Lacharrière, patron de La Revue des Deux Mondes, au rang de Grand-croix de la Légion d'honneur.

A-t-il détourné des fonds publics au Sénat ?

Médiapart et le JDD l'avaient révélé : François Fillon aurait touché des chèques, lorsqu'il était sénateurs, venant d'une cagnotte secrète du groupe UMP. Un système appelé "la ristourne" que François Fillon n'a pas démenti, mais pas explicité non plus. "Ce sont les pratiques de la vie politique", s'est-il contenté de dire. "En suis-je à l'origine ? Non. Suis-je poursuivi [par la justice] pour ces pratiques ? Non. Doivent-elles cesser ? Oui." Mais plusieurs élus ont déjà été mis en examen au sujet de cette "pratique" communément appelée "ristourne". Reste à savoir si François Fillon pourrait, lui aussi, être inquiété.