François Baroin, l’ambitieux récompensé

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Aurélie Frex , modifié à
PORTRAIT - Nommé ministre de l’Economie, ce disciple de Chirac a su s’imposer et séduire Sarkozy.

Longtemps considéré comme une voix dissonante et chiraquienne dans la majorité, François Baroin est rentré dans le rang, et a satisfait ses ambitions en devenant ministre de l’Economie. Il est donc le grand gagnant du remaniement du gouvernement annoncé mercredi.

Ministre du Budget et porte-parole du gouvernement depuis mars 2010, il a gagné en assurance, et fini par ravir le poste laissé libre par Christine Lagarde, partie diriger le FMI.

De l’affrontement frontal à l’entente

Frontalement opposé à Nicolas Sarkozy sur des sujets comme la nomination du président de France Télévisions par l'exécutif, le retour complet de la France dans l'Otan ou le travail du dimanche, il a toujours revendiqué sa "liberté de parole" et a pris la défense de Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. "J'ai construit ma vie politique autour de Jacques Chirac", rappelait-il ainsi en mai 2009.

Mais après avoir brocardé l'ouverture à gauche voulue par Nicolas Sarkozy, il fut lui-même le symbole de l'ouverture aux fidèles de Jacques Chirac en rejoignant le gouvernement de François Fillon, au poste de ministre du Budget et de porte-parole.

Mais ses premiers pas à Bercy ont été marqués par quelques bourdes, comme lorsqu'il a qualifié de "tendu" l'objectif du maintien par la France de sa note "AAA", la meilleure aux yeux du marchés.

Un ministre de premier plan

A force de travail, François Baroin parvient ensuite à s’imposer. Devenu l'homme du "coup de rabot" aux niches fiscales, il a su mettre en musique au Budget un effort, qualifié d'"historique", de réduction du déficit public de la France.

Il est donc rapidement parvenu à entrer dans le clan des ministres qui comptent aux yeux du président : en novembre dernier, il est cité comme "Premier ministrable" avant d'être promu porte-parole du gouvernement.

Pour obtenir la place laissée par Christine Lagarde, nommée à la direction du FMI mardi, François Baroin aurait mis sa démission en balance, alors que le ministère de l’Economie avait été un temps promis à Bruno Le Maire.

Mercredi matin, lors du point presse consécutif au conseil des ministres, il n'a laissé aux journalistes le temps que de poser deux questions, dont une visiblement destinée à tester un anglais que son rival, le ministre de l'Agriculture, l'accuserait de ne pas parler à la perfection. "On prendra des cours ensemble", a-t-il lancé à la journaliste du "Petit Journal" de Canal+ qui lui demandait dans un mauvais anglais s'il serait déçu de ne pas succéder pas à Lagarde.

Plus jeune député de France

Ancien élève du lycée catholique Stanislas, dans le 6e arrondissement de Paris, étudiant à l'Université Panthéon-Assas, François Baroin est titulaire d'un DESS de défense, d'un DESS de sciences de l'information de l'Institut supérieur de gestion, et d'un DEA de géopolitique. Il est aussi ancien journaliste radio, et avait débuté en 1988, à Europe 1.

C'est après la mort accidentelle de son père, Michel Baroin, président de la Garantie mutuelle des fonctionnaires (GMF) et de la Fnac, en 1987, que Jacques Chirac est devenu son mentor en politique.

Après avoir été à 28 ans, en 1993, le plus jeune député de France grâce à son élection dans l'Aube, il devient deux ans plus tard, à seulement 30 ans, porte-parole du gouvernement d'Alain Juppé, après l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée.

Il revient ensuite au gouvernement à la fin de la présidence Chirac, comme ministre de l'Outre-Mer (2005-2007) avant de succéder à l'Intérieur à Nicolas Sarkozy, le temps de la campagne présidentielle.

Depuis qu'il a laissé pousser ses cheveux et abandonné ses lunettes rondes, qui lui valurent un temps le surnom d'Harry Potter, François Baroin, maire de Troyes depuis 1995, a gagné en assurance sur la scène politique. Reconnaissable à sa voix grave, cet amateur de football, de tennis et de pêche à la truite est père de trois enfants, et partage la vie de la comédienne Michèle Laroque.