FN : Gilbert Collard "se fout complètement" du changement de nom

© Europe 1
  • Copié
A.H. , modifié à
Front national ou Rassemblement national ? Pour Gilbert Collard, le nom du parti a peu d'importance. Ce qui compte, "ce sont les idées", a-t-il soutenu sur Europe 1 lundi.
INTERVIEW

Sauf improbable vote contraire des adhérents du parti, le Front national devrait officiellement changer de nom pour devenir le Rassemblement national. Marine Le Pen, réélue présidente samedi, l'a annoncé dimanche en clôture du congrès du FN. Un choix de changement motivé par le "frein psychologique" lié au nom "Front national", vécu par "beaucoup de Français, même de toute bonne foi", avait estimé Marine Le Pen. Interrogé sur cette décision lundi matin, Gilbert Collard, membre du bureau politique du parti, avoue ne pas être particulièrement emballé par l'idée.

"Ça me plait bien" mais… "Je m'en fous complètement, je ne crois pas du tout à l'importance des changements de nom. Ce qui compte pour un parti politique, ce sont les idées", a-t-il affirmé au micro d'Europe 1. Avant de nuancer son propos : "Qu'on change de nom, pourquoi pas, je n'en fais pas une affaire personnelle. Rassemblement national, ça me plait bien. Mais j'aurais préféré qu'on change de nom il y a trois ans, avant la présidentielle. Ça aurait pu favoriser une ouverture plus grande", a soutenu le député du Gard.

… Quelle utilité ? La possibilité du changement de nom du FN a visiblement beaucoup questionné Gilbert Collard ces dernières années. En 2012, il était le seul à le souhaiter publiquement. Mais récemment, en janvier, sur LCP, il déclarait : "Je suis très paradoxal. J'ai été le premier à dire qu'il fallait changer de nom. Et puis maintenant, j'en arrive à me dire que ça ne servirait strictement à rien de changer de nom". L'élu d'extrême droite poursuivait : "Je pensais que changer de nom favoriserait le processus de dédiabolisation. Et puis je me rends compte que de toute manière, quel que soit notre nom, même si on s’appelait la Baie des anges, on nous stigmatiserait, on nous diaboliserait parce que c’est un instrument dont les partis dits de pouvoir ont besoin pour s’entendre" 

Entendu sur europe1 :
L'ouverture existe dans l'électorat, mais les chefs à plume veulent garder leurs plumes

Il estime par ailleurs que cette ouverture est possible au sein de l'électorat des Républicains, mais se moque de l'opposition de principe de leur chef Laurent Wauquiez. "Je crois que les alliances se feront par-dessus la tête des leaders, à l'intérieur des mouvements politiques, et non pas par leur sommet. L'ouverture existe dans l'électorat, mais les chefs à plume veulent garder leurs plumes", a-t-il analysé.

"On a l'antériorité du dépôt". Reste une question, quelque peu gênante, pour le parti de Marine Le Pen : pourra-t-il légalement utiliser ce nouveau nom ? En effet, le nom "Rassemblement national" aurait déjà été déposé auprès de l'Institut national de la propriété intellectuelle. Via un communiqué diffusé sur Twitter dimanche, le propriétaire du nom, Igor Kurek, gaulliste et ancien proche de Charles Pasqua, a expliqué qu'il ne comptait absolument pas le céder au Front national. "Connerie, connerie. On a l'antériorité de dépôt", a rétorqué Gilbert Collard. "Enfin, je l'espère", a-t-il ajouté, plus prudent.

Joint quelques minutes plus tard par Europe 1, Igor Kurek a réaffirmé être le propriétaire du nom. "Il peut dire ce dire ce qu'il veut, Gilbert. La loi des marques, c'est la loi des marques. Ils n'ont pas d'antériorité sur le nom 'Rassemblement national'", a-t-il déclaré. L'homme s'est dit prêt à porter l'affaire "en justice".