FN : Florian Philippot de plus en plus isolé ?

Florian Philippot
Le vice-président du Front national, Florian Philippot, à Lyon, le 4 février. © JEFF PACHOUD / AFP
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Axel Roux , modifié à
A moins de deux mois de l’échéance présidentielle, le bras droit de Marine Le Pen apparaît en perte de vitesse face à celle de Marion Maréchal-Le Pen.

"Virer" Florian Philippot du Front national. Le missile serait signé du député du Gard Gilbert Collard, d'après des propos rapportés dans une biographie du vice-président du FN à paraître jeudi. A en croire l’ouvrage intitulé Philippot 1er (Plon), le parlementaire apparenté FN, détracteur régulier du vice-président frontiste, serait prêt à se présenter à l'élection du comité central lors du prochain congrès afin de l’écarter. Une intention démentie par l’avocat lundi matin dans un tweet, avant d’être rediffusé par Florian Philippot lui-même. Un exercice de bonne figure - à un mois du premier tour de la présidentielle - qui peine néanmoins à couvrir une petite musique de plus en plus forte en interne.

Perte d’influence. Si Florian Philippot a su se rendre indispensable à Marine Le Pen pour sa stratégie de "dédiabolisation", le logiciel de l'énarque semble aujourd’hui moins porteur. La campagne présidentielle a vu des identitaires nommés à des postes-clés, comme Philippe Vardon, ancien dirigeant du Bloc identitaire et président du parti régionaliste Nissa Rebela, promu à cellule "idées-images" du parti. Un organe d’ailleurs contrôlé par Philippe Olivier, proche d’une ligne en faveur de la "rémigration" - le retour des immigrés dans leur pays d’origine -, plutôt que de celle d'une sortie de l’euro de la ligne Philippot. Deux hommes très proches de Marion Maréchal Le Pen, rappelle en outre le JDD.

Ascension de Marion Maréchal-Le Pen. Un entrisme à l’image du rapport de force au sein de parti et à l’ascension de la ligne incarnée par la nièce de Marine Le Pen. Traditionalistes sur les questions de société, contempteurs de la mue interventionniste du parti sur les questions économique, Marion Maréchal-Le Pen et les "Sudistes" incarnent une ligne de fracture avec le FN du nord, implanté sur de terres ouvrières. Au point de susciter quelques passes d’armes et retour de flammes mémorables, à l’image de la levée de boucliers sur Twitter de cadres du FN lorsque Philippot eut l’imprudence d’accuser Marion Maréchal-Le Pen d’être "seule" et "isolée" sur l'IVG.

Un positionnement désapprouvé par une majorité des militants. Dans un sondage Ifop pour le Figaro: 52% des sympathisants du FN se disent plus proches des idées de la nièce de Marine Le Pen que de celles portées par son bras droit (29%).

Chasser les voix à droite plutôt qu’à gauche. Pour autant, le changement de cap au FN n’est pas qu’une question de tête de proue. Il illustre aussi un rapprochement idéologique avec la "droite hors les murs", combinaison allant de Patrick Buisson à Philippe de Villiers. L’auteur du livre anti-islam Les cloches sonneront-elles encore demain ? ne se cache plus pour faire l'éloge de la présidente du FN. Marine Le Pen a "compris qu’il fallait faire une campagne identitaire, expliquait de Villiers début mars à Valeurs actuelles. Marine, qui a lu nos livres, a capté notre petite musique."

Un retour aux fondamentaux également lié à l’affaiblissement de François Fillon, empêtré dans l’affaire du "Penelopegate". Pour séduire une partie de son électorat plus bourgeois que populaire, Marine Le Pen a entrepris de lisser son projet considéré trop étatiste pour l’électorat de droite. L’écriture du programme économique du FN a ainsi été confiée à Jean Messiha, énarque tout comme Philippot, mais d’obédience plus libérale.

Autant d’éléments qui pousseraient Florian Philippot à se sentir à l’étroit dans ce FN nouvelle version. "En 2017, le FN, je vais voir comment ça tourne. Je vais pas forcément y rester des années", aurait-t-il confié aux auteurs de sa biographie.